Un élément fondamental dans la construction du Temple par Salomon   fut la miraculeuse scie de carrier, le chamir. En nous enseignant comment ériger   l’Autel pour D.ieu, la Tora dit : « Ne le construis pas en pierres   de taille » (Exode 20, 22). A propos de ce verset, Rachi explique que   le fer, matériau servant à fabriquer des armes de mort, ne doit   pas être utilisé pour tailler les pierres du Temple qui, par essence,   représente la paix.
 
LA NATURE DU CHAMIR
Le chamir (venant du mot     araméen chamira et signifiant « comme   un silex ») était un organisme surnaturel. En hébreu biblique,   le mot chamir a été utilisé dans deux sens : soit une   pointe faite d’une substance très dure (Jérémie   17,1) soit des épines acérées (Isaïe 5,6).
Chaque tradition, qui parle     du chamir, fait référence à sa   capacité de transpercer les surfaces dures. Le « regard » du   chamir surnaturel peut tailler de grandes pierres. Le Talmud puis, plus tard,   de grands rabbins ont décrit comment le chamir, en passant le long de   la surface d’une pierre, peut la fendre de manière parfaite en   deux morceaux.
Le chamir était-il un minéral, une plante ou un animal ? Dans   une légende abyssinienne, il est supposé avoir été une   sorte de bois ou d’herbe. Maïmonide cependant et Rachi estiment   qu’il s’agissait d’un animal vivant. Le Talmud affirme que   c’est le « regard » d’une créature vivante qui   provoquait la cassure de bois ou de pierre. Néanmoins, dans le Testament   de Salomon une œuvre pseudépigraphique, le chamir est considéré comme   une pierre précieuse verte, similaire peut-être au pitda - topaze   - serti dans le pectoral du Grand prêtre, représentant la tribu   de Siméon.
Aussi petit qu’un grain d’orge (moins d’un centimètre),   le chamir n’avait pas une apparence suscitant l’inspiration. Son   essence surnaturelle venait du fait qu’il avait été créé au   crépuscule, la veille du premier chabbat, pendant les Six Jours de la   Création. Selon Rabbi Ba’hya dans le Talmud, le chamir fut utilisé la   première fois du temps de la construction du Tabernacle afin de graver   les noms des tribus sur les pierres précieuses enchâssées   dans le pectoral du Grand prêtre.
On ne pouvait pas garder     le chamir directement dans n’importe quel type   de récipient en métal, y compris le fer, qui aurait pu être   fendu. Aussi, pour en assurer la conservation, était-il enveloppé dans   de la laine et placé dans un récipient en plomb, rempli de son   d’orge (Talmud Sota 48b). On avait choisi spécialement ce métal   car aucun autre matériau n’aurait été capable de   résister à son pouvoir de pénétration.
Les dirigeants des Cananéens ainsi que des autres nations réalisèrent   la valeur du chamir mais ne purent jamais le localiser. Le Midrach raconte   que même le roi Salomon n’avait aucune idée de l’endroit   où le trouver quoiqu’il sût en avoir besoin pour construire   le Temple. Afin de se le procurer, il parcourut le monde, au point même   de prendre contact avec des démons. Créés également à la   tombée du jour la veille de Chabbat, lors des Six jours de la Création,   ces êtres avaient tant soit peu une relation avec le chamir et les autres   phénomènes surnaturels créés pendant ce crépuscule   exceptionnel. Toujours d’après le Midrach, Salomon consulta le   roi des démons; celui-ci n’était pas en possession du chamir   mais savait que l’ange de la mer l’avait donné à la   huppe (dou’hifat Lévitique 11,19), un oiseau qui en avait besoin   pour survivre. Finalement, le roi Salomon le lui prit.
Le chamir ne fut employé par l’homme que dans la construction   du Tabernacle et du Temple. Les êtres surnaturels créés   par D.ieu pour des fonctions bien spécifiques ne subsistent pas éternellement.   La Michna (Sota 9 :12) affirme que le chamir a existé jusqu’à la   destruction du deuxième Temple. Les Tossafot (sur le traité Guittin   page 68a), disent que le chamir existait pendant l’ère moderne.   Selon une Tossefta (commentaire de la Tora qui n’a pas été introduite   dans la Michna), le chamir disparut après la destruction du Temple,   car on n’en avait plus besoin. De la même manière, le Ta’hach,   créé afin que sa peau soit utilisée pour le Tabernacle,   disparut dès l’achèvement de sa construction. Considéré comme   un animal casher, le Ta’hach ressemblait à une licorne, avec une   corne unique sur le chanfrein (Chabbat 28b).
Une autre créature, l’épurge, possédait des caractéristiques   communes avec le chamir et fut par conséquent confondue avec celui-ci.   Comme elle existait encore au Moyen Age (1000 après JC), les rabbins   soutiennent qu’ils n’étaient pas identiques. 
 
QUELLE éTAIT LA       CAUSE DU « REGARD » PéNéTRANT ?
Par définition, une créature surnaturelle faite par D.ieu afin   d’accomplir des miracles particuliers ne peut être étudiée   rationnellement. Néanmoins, la science regorge de théories reliant   des phénomènes naturels avec le surnaturel. Dans cet esprit,   le « regard » du chamir qui était capable de fendre le bois   et la pierre, pourrait être expliqué selon les différentes   méthodes suivantes :
   
1.	Production d’ondes de hautes ou de basses fréquences qui pourraient           provoquer la résonance de la structure moléculaire des matériaux           et par là les perturber.
2.	Production d’un faisceau lumineux concentré tel que le « rayon           laser ».
3.	Radioactivité.
 
 
Selon Immanuel Velikovsky et Frederic Jueneman, le chamir pourrait être une substance radioactive.
L’essence du « regard » appartient au domaine spéculatif   mais feu Immanuel Velikovsky
(1)
, expert de la période du roi Salomon,   et Frederic Jueneman
(2)
, un éminent érudit, ont émis   l’hypothèse que le chamir était une substance radioactive.
 
Ils s’appuient sur le fait qu’une boîte en plomb serait   le moyen le plus logique pour conserver en toute sécurité un   radionucléide hautement actif. Par conséquent, le « regard » du   chamir aurait pu être un rayonnement alpha. Celui est constitué de   particules de très forte énergie qui peuvent détruire   ou décolorer tout corps qui leur est exposé. Le fait, comme cela   a été rapporté, que la puissance du chamir décroît   au cours du temps jusqu’à sa complète inactivité est   caractéristique de la désintégration radioactive et de   la période d’activité (temps pendant lequel la moitié des   noyaux de l’élément s’est désintégré).
Si le chamir avait été un minéral, il aurait pu avoir été une   des quelques pierres vertes existant dans la nature. Il aurait pu être   extrait dans les mines de cuivre d’Arménie ou de Chypre ou dans   les propres mines du roi Salomon dans le Sinaï, où de la malachite   ou vert-de-gris se serait également trouvée dans le gisement   de minerai primaire. En fait, Frederic Jueneman cite des écrits anciens   de Zosime de Panapolis (appelé aussi le Thébéin) établissant   que la malachite est « l’ennemie de la topaze , parce qu’elle   ternit sa couleur et qu’elle atténue son éclat ».
Tout en l’appréciant hautement dans la fabrication des objets   décoratifs, on savait cependant que la malachite provoquait aussi des   plaies dans les intestins et des brûlures aux yeux, deux symptômes   connus de nos jours comme des effets caractéristiques de l’exposition à des   radiations. La malachite actuelle (ou le chrysocale ainsi qu’elle était   connue des anciens) n’est pas radioactive mais des exceptions auraient   pu exister si elle avait été combinée avec d’autres   minéraux. Par exemple, la chalcolite (ou torbernite), un phosphate de   cuivre et d’uranyle de couleur verte, émet de la radioactivité.
 
LA TAILLE DES PIERRES
Le Talmud dit que la précision nécessaire pour graver les noms   des tribus sur les pierres précieuses du pectoral du Grand prêtre   sans perdre le moindre produit était humainement impossible.
Cela n’aurait posé aucune difficulté si l’on avait   utilisé un composé radioactif (en suivant l’idée   F. Jueneman). Le tissu en laine et le son d’orge qui emmaillotaient le   chamir étaient transparents à son rayonnement alors que le récipient   en plomb était complètement opaque. Si l’encre utilisée   contenait du plomb, la surface des pierres précieuses sur laquelle on écrivait,   se décolorait graduellement après avoir été exposée   aux radiations du chamir. En éliminant ensuite cette encre, on laissait   apparaître le texte en contraste avec le fond, ce qui donnait une impression   de profondeur d’écriture.
La plupart des gemmes,     tels que le diamant, le saphir, l’émeraude   ou la topaze, sont décolorés par la radioactivité. D’autres   pierres précieuses, comme l’opale, sont constituées de   cristaux de silice hydratée. Le rayonnement alpha les désintègre   en rompant la liaison avec l’eau ; celle-ci se volatilise sans laisser   de résidu.
Tout cela signifie que     pas même un éclat était perdu ;   tout ce qui restait de la pierre était une texture opaque ou granulaire.
 
L’ESSENCE « VéRITABLE » DU CHAMIR
La Michna (Maxime de Pères 5,6) rapporte que le chamir fut créé la   veille du premier Chabbat au crépuscule. Le Maharal explique la signification   de ce point : le monde physique tout entier, qui a été créé pendant   les Six jours, est gouverné par les lois de la nature. N’ayant   pas été créé exactement dans ce cadre, le chamir   est donc surnaturel.
Les autres phénomènes exceptionnels créés pendant   le crépuscule la veille du premier Chabbat ont, d’une certaine   façon, un lien avec le chamir. Il s’agit des démons, du   bélier utilisé par Abraham à la place d’Isaac, des   tenailles, qui furent employées pour fabriquer d’autres outils,   du bâton de Moïse, des vêtements d’Adam et Eve, du feu,   de la bouche de l’ânesse de Balaam, de la colonne de feu et de   la nuée qui conduisirent les Enfants d’Israël dans le désert   et du récipient qui préserva la manne dans le Saint des Saints   dans le Temple.
La création, l’existence et la fonction du chamir ainsi que les   matériaux qui le gardaient étaient tous miraculeux. D’après   le Midrach, il y a un concept selon lequel une substance plus molle a la capacité de   percer une matière plus dure. Par exemple, la pierre que lança   David sur Goliath perça le heaume du géant et le tua (Samuel   I 17,49). Le chamir aussi n’avait aucune limitation physique. Il pouvait   sans effort pénétrer les matériaux les plus durs et néanmoins   on le gardait dans un récipient en plomb (métal mou), ce qui   démontrait que son origine n’avait rien de naturel.
Bien que, par définition, il n’est nul besoin d’expliquer   les miracles comme des phénomènes scientifiquement observables,   le miraculeux chamir, qui a servi à couper les pierres du Temple de   Salomon, a toutes les propriétés d’un rayonnement alpha.
Adapté de l’article original et reproduit avec l’aimable   autorisation de B’Or HaTorah Vol X (1997), pages 173-176
Avec l’aimable autorisation de www.kabbalaonline.org 
 
Traduction et adaptation     de Claude Krasetzki
 
 
Notes :
[1] Immanuel Velikovsky, Ramses II and his Time (Garden City, NY: Doubleday,     1978).
[2] Frederic Jueneman, "The Stone of the Shamir " dans R & D   Magazine (September 1990) page 45.