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Les 13 articles de foi - article 12

D’après une série de conférences prononcées par le Rabbin Ya‘aqov Weinberg, de mémoire bénie.

Nous croyons et affirmons que le Messie viendra. On ne doit pas penser qu’il est en retard, et « bien qu’il tarde nous l’attendons » (‘Habaqouq 2, 3).

Nous ne devons pas fixer un temps à sa venue, ni tenter de spéculer sur sa venue à partir de passages des Ecritures. Nos Sages nous enseignent : " Pourrisse l’esprit de ceux qui essaient de calculer la fin des temps. "

Nous devons aussi croire que [le Messie] sera plus grand que tout roi ou souverain qui aura jamais vécu. Cela a été prédit par tous les prophètes, de Moché rabbeinou à Malachie.

Quiconque doute [de sa venue], ou en minimise l’importance, renie la Torah elle-même. Car le Messie est mentionné tant dans le discours de Bil‘am que dans le Deutéronome (Chapitre 30).

Dans ce principe est incluse la croyance qu’un roi juif ne peut descendre que de la dynastie de David par son fils Salomon. Celui qui s’oppose à cette dynastie renie le Tout-puissant et Ses prophètes.

Les 13 articles de foi de Maïmonide

UN MONDE SANS LE MESSIE

Il n’est pas facile de prendre en compte ce principe, car il implique bien plus qu’une prise de conscience et de la conviction. Il exige des sentiments et des pensées qui ne peuvent être produits que par un style de vie très particulier.
Dans son Michné Torah (Lois sur les Rois 11, 1), Maïmonide enseigne : " Quiconque doute [de la venue du Messie], ou n’en attend pas la venue, renie non seulement [la vérité de sa venue, comme affirmé] chez les autres prophètes, mais encore la Torah et [la prophétie de] Moché rabbeinou. "

Que veut dire : " Attendre sa venue " ? Devons-nous guetter chaque jour son arrivée, y compris le Chabbath et les jours de fête ? Le poème Ani maamine affirme à ce sujet : " Je crois d’une foi parfaite en la venue du Messie, et même s’il doit tarder, j’attendrai néanmoins tous les jours son arrivée. " Cette attente de  tous les jours  s’applique-t-elle à Chabbath et aux jours de fête, comme on pourrait le supposer ? De fait, notre tradition nous apprend que le Messie n’arrivera pas un Chabbath ni un jour de fête (‘Erouvin 43b). Nous n’avons donc pas à guetter sa venue à tout moment. De plus, dans son commentaire sur la Michna (Sanhédrin 10, 1), Maïmonide affirme : " Quiconque doute de l’importance [du Messie] ou la minimise renie la Torah qui en atteste. " Le Rambam ne parle plus ici, contrairement à ce qu’il avait écrit dans le Michné Torah, de la nécessité d’attendre sa venue, mais il nous met en garde contre le fait d’atténuer son importance. Il semble par conséquent que " l’attente du Messie " doive être comprise comme une obligation de lui attribuer une portée telle qu’il faille éprouver un sentiment de manque, d’être privé de quelque chose à chaque instant de sa vie. Il ne suffit pas de savoir qu’il viendra et de croire en sa venue, il faut que nous ressentions et comprenions ce que signifie ne pas l’avoir dans notre monde à nous.

Un monde sans le Messie est un monde d’exil, où les Juifs se trouvent dispersés parmi beaucoup de nations.

C’est un monde où, même en Erets Yisrael, les Juifs sont soumis aux caprices et aux valeurs des autres peuples.

C’est un monde dans lequel de terribles barrières créées par l’apathie spirituelle nous dissuadent de nous rapprocher du Tout-puissant, et où nous sommes privés des occasions de L’approcher et d’éprouver Sa présence dans Son Temple.

A celui qui comprend que le sens de la vie est déterminé par la manière de s’approcher du Créateur, la perte de Sa présence devient une douleur aiguë et intolérable, un cancer qui ronge le noyau spirituel de l’homme, qui ne peut qu’être anesthésié par la recherche de vains plaisirs. En agissant ainsi, l’humanité est devenue inhumaine et ses sens sont devenus inaccessibles au véritable plaisir que sa relation avec le Tout-puissant lui aurait offert.

Rien n’est plus destructeur pour l’âme juive que la perte de la conscience de l’amertume de l’exil.

Rien n’est plus destructeur pour l’âme juive que la perte de la conscience de l’amertume de l’exil. Quand les Juifs sont trop confortablement installés dans la Diaspora, jouissant de leurs maisons agréables, de leurs automobiles, et même – eh oui ! – de leurs Yechivoth, ils commencent à oublier ce qui manque à leurs vies. Ils ne ressentent plus la douleur de l’exil. Le confort, les loisirs et l’abondance ont contribué à la déformation de la Torah, avec pour résultat une autre approche du judaïsme, une approche que l’on trouve parmi beaucoup de Juifs qui acceptent la Torah et ses mitswoth. Ceux qui adhèrent à cette approche continuent de reconnaître la dette de l’homme envers son Créateur. Ils continuent de sentir le besoin de reconnaître le Tout-puissant comme la Source de la santé et du confort, y compris de l’existence elle-même.

Ils sont disposés à s’acquitter pleinement de leur dette. Etant donné que cela signifie obéir aux commandements divins, ils s’attachent à remplir ce devoir, un peu comme ceux qui versent le montant des impôts qui leur sont demandés, mais pas davantage. Ils ne se préoccupent pas d’aller plus loin que la lettre de la loi pour améliorer ou protéger leur relation avec D.ieu. Dans les situations qui prêtent à discussion, ce sont toujours les interprétations les plus accommodantes qui sont cherchées. Les commandements de la Torah sont des fardeaux qui rendent difficile la poursuite du style de vie hédoniste pratiqué dans nos pays occidentaux.

Ces gens observent cependant les commandements tout en menant leur existence. Il est toutefois impossible d’évoquer avec eux l’amertume de la galouth, de l’exil, sans qu’ils posent la question : Pourquoi faut-il espérer la venue de l’ère messianique ? Que nous manque-t-il maintenant ?

Cette approche est entièrement incompatible avec le douzième principe, selon lequel nous devons attendre la venue du Messie. Comme elles sont différentes, les existences consacrées à un rapprochement intime du Tout-puissant ! Ceux qui les mènent savent et sentent l’existence de D.ieu à un point tel que rien d’autre ne compte dans leur vie. Ce sont eux les modèles d’une véritable approche. Ils n’utilisent les ressources que leur offre une société d’abondance qu’autant qu’elles contribuent à ce plaisir ultime qu’est la proximité du Tout-puissant. Ils peuvent parfaitement comprendre ce que nous apprend Maïmonide, l’attente anxieuse de la venue du Messie et de l’ère qu’il annoncera.

Aucun Juif pieux ne mettra en doute la venue de l’ère messianique comme règle du judaïsme. Mais cette idée, en tant que l’un des Treize principes, est beaucoup plus lourde de signification. L’attente consciente de la venue du Messie fait partie de l’ensemble de données qui permettent à tout Juif de se rattacher au Tout-puissant. Quiconque est dépourvu de cette conscience, même si c’est parce qu’elle ne lui a été jamais enseignée, ne peut pas être considéré comme un Juif pratiquant. Pourquoi ce dogme est-il être si important ?

La nécessité d’accepter en toute sincérité les cinq premiers principes, ceux qui affirment l’existence de D.ieu, peut être facilement comprise. Pour pures que soient ses intentions, si quelqu’un se fait une idée fausse de la nature de D.ieu, il lui est impossible de s’approcher de Lui ni d’accepter Sa souveraineté. La signification des quatre principes suivants, qui concernent la communication de D.ieu avec l’homme, s’impose également d’elle-même. On ne peut pas pratiquer le judaïsme si l’on n’est pas persuadé que la Torah représente la volonté divine. Nous avons également expliqué que la conscience qu’il existe une récompense et une punition est tout aussi essentielle pour se rattacher au Tout-puissant, car il est impossible de servir un Créateur qui serait indifférent. Mais pourquoi est-il impératif de savoir que l’histoire prendra fin avec la venue du Messie ?

LA PROVIDENCE QUI DONNE FORME A L’HISTOIRE

Sans le Messie, il serait impossible à un Juif de se rattacher au Tout-puissant en tant que Père aimant et attentif.

Un homme ne peut accepter la souveraineté de D.ieu que s’il est conscient de l’amour, de l’attention et de la providence du Tout-puissant. Il ne peut pas se rattacher à un D.ieu indifférent. S’il ne perçoit pas dans l’histoire la présence de la Providence divine, il lui devient impossible de voir Son intervention dans les actions humaines.

Beaucoup ont perçu la Shoah comme la " mort de D.ieu ", se demandant avec rancœur " où était alors l’amour de D.ieu pour Son peuple élu ". Ce sentiment est généré par un doute quant à la réalité d’une Providence divine. Si nous constituons un peuple élu, comment cela a-t-il pu nous arriver ? Et pas seulement la Shoah ! L’antisémitisme n’a pas de fin. Et peut-on étudier l’histoire, et particulièrement celle du peuple juif, sans en retirer un profond sentiment de désespoir ? Où se trouve la providence du Tout-puissant ?

Sans la certitude d’une ère messianique, ces questions resteraient sans réponse. Sans le Messie, il serait impossible à un Juif de se rattacher au Tout-puissant en tant que Père aimant et attentif. Ce principe prédit une époque où le monde entier prendra conscience de l’amour porté par D.ieu à Israël, et il présuppose que c’est la Providence qui façonne l’histoire. Non seulement ces prédictions permettent à Israël de garder espoir pendant les périodes marquées par des souffrances et des persécutions, mais elles l’empêchent de percevoir comme un pur leurre la Providence du Tout-puissant. Pendant des milliers d’années, les Juifs ont survécu aux horreurs d’un exil exténuant, sachant que leur destin changera un jour et que toute l’humanité reconnaîtra alors son Créateur à travers Son peuple.

CHACUN DE NOUS EST UN MEMBRE DE LA COLLECTIVITE

Une autre dimension de ce principe est très liée également à la perception par l’homme de la Providence divine. Une chose peut être dite avec certitude, c’est que si la connaissance du Messie est essentielle ce n’est pas parce que l’ère messianique affectera tous les Juifs pris individuellement. Des millions de Juifs qui ont vécu depuis la révélation du Sinaï jusqu’à maintenant, il en est relativement peu qui seront personnellement touchés par sa venue. Si le Messie devait arriver aujourd’hui, seuls ceux qui sont en vie seraient là pour l’accueillir.

Un Juif doit obligatoirement savoir qu’il n’est pas seulement un individu, mais aussi une cellule dans le corps d’une nation.

Par conséquent, les Juifs ne peuvent envisager la venue de l’ère messianique qu’en tant que membres de la communauté d’Israël. C’est elle, et non les individus qui la composent, qui est concernée par le Messie. C’est ainsi que, lorsque Maïmonide affirme que la venue du Messie constitue l’un des treize principes, il veut dire que la conscience de chaque Juif d’appartenir à cette communauté est essentielle. Un Juif doit obligatoirement savoir qu’il n’est pas seulement un individu, mais aussi une cellule dans le corps d’une nation. Celui qui croit pouvoir s’approcher de D.ieu par son propre mérite, et qui s’imagine que la Torah lui a été donnée en tant qu’individu, ne peut pas véritablement servir le Tout-puissant. Il ne peut le faire que comme membre du peuple juif.

Le Maharal développe longuement l’idée selon laquelle, bien que notre patriarche Abraham ait été digne de la recevoir, la Torah ne pouvait être donnée qu’à une nation (Tiféreth Yisrael, chapitre 17). La Torah n’est pas donnée aux individus ; elle doit être donnée à un peuple. Par conséquent, ce principe s’impose à tous les Juifs, non pas comme individus mais comme parties d’un peuple. La raison première de l’existence des Juifs est leur constitution comme nation.

Ce principe implique que l’on ne peut pas être juif pour son propre compte. On ne peut apprendre la Torah, prier, exécuter les nombreux autres commandements de D.ieu qu’en tant que partie de la nation d’Israël, une nation qui inclut des gens qui forment ensemble une unité. Les individus qui composent cette nation sont comme les cellules qui se réunissent pour constituer un organisme.

Ce n’est que par cette prise de conscience que l’on peut réaliser son rapport avec la Torah. N’oublions pas, en effet, que ce ne sont pas les générations qui sont venues après le Sinaï qui ont dit : " Nous ferons et nous comprendrons " (Exode 19, 8). Il est vrai que, selon la Kabbala, les âmes de tous les Juifs étaient présentes au mont Sinaï.

Cependant, l’âme n’est pas l’individu : L’individu est le corps et l’âme réunis. Jamais les Juifs n’ont accepté la Torah personnellement. D’où vient alors qu’ils soient tenus de lui obéir ? Qu’est-ce qui les rattache à l’expérience au Sinaï ? Etant donné qu’aucun d’eux n’a jamais promis verbalement ou par écrit au Tout-puissant d’accepter la Torah, rien ne semble les y obliger comme individus. Ils ne sont engagés dans l’Alliance du Sinaï que parce qu’ils font partie d’une nation. C’était nécessaire pour un engagement national total, et l’unité du peuple était substantielle, comme il est écrit : " Israël campa au pied de la montagne [se préparant à recevoir la Torah] – comme un seul homme et d’un seul cœur " (Rachi sur Exode 19, 2, notant que le verbe hébreu utilisé dans le verset est au singulier, comme pour accentuer l’unité du peuple). C’est cette nation-là qui a dit au mont Sinaï : " Nous ferons et nous comprendrons. "
Le peuple juif n’a pas cessé, aujourd’hui encore, d’être" un seul homme ". Il continue d’exister en tant que nation tout comme il y a des milliers d’années. Les individus meurent, tout comme les cellules d’un organisme, mais celui-ci survit avec de nouvelles cellules. Bien que les cellules de l’organisme soient différentes de celles avec lesquelles on est né, c’est toujours le même organisme. D.ieu a promis que le peuple juif ne mourra jamais. Notre peuple est éternel, et les individus qui le composent ne sont juifs que parce qu’ils font partie de ce peuple éternel. Les lois qui les relient à D.ieu sont fonction de leur appartenance à cette collectivité. Il en résulte ce principe essentiel que les Juifs ne doivent pas se séparer de leur peuple. Ils doivent prendre part aux douleurs et aux joies des autres Juifs, où qu’ils se trouvent.

Ce principe ayant été ainsi redéfini en termes de l’importance de la Nation, la perspective de l’attente impatiente du Messie prend une nouvelle dimension. L’attendre signifie que l’on sait qu’il mènera le monde à la reconnaissance du Tout-puissant et qu’il accomplira enfin la mission nationale d’Israël. Dans l’attente de sa venue, les Juifs doivent toujours garder présente à l’esprit leur mission en tant que partie de la nation juive.

LE BUT DE L’EXISTENCE

L’essence de ce principe est que les Juifs doivent prendre conscience du but de leur nation et de leur existence. En retour, plus on attend la venue de l’ère messianique, plus on s’engage dans sa réalisation. Sans la reconnaissance de cette révélation ultime de D.ieu, les Juifs percevraient le service qu’ils Lui rendent comme partiel et futile. On ne peut adhérer à la Torah, à cette relation contractuelle entre les Juifs et le Tout-puissant, que si l’on est conscient de la réciprocité de cette relation, et le Messie sera l’accomplissement de cette réciprocité. L’ère messianique est la réponse du Tout-puissant aux efforts du peuple juif. S’ils n’avaient conscience de cette réponse, les Juifs seraient forcés à trouver d’autres buts dans l’existence. Voilà pourquoi la conscience et l’acceptation du Messie constituent un principe.

Cet article est un extrait de : Fundamentals and Faith : Insights into the Rambam’s 13 Principles, du Rabbin Mordekhaï Blumenfeld.

Traduction et adaptation de Jacques KOHN

 

Série "Les 13 articles de Foi de Maimonide"
 
 
articles 10-11 L'Omniscience de D.ieu
article 13 Résurrection des Morts

 



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Mordechaï BLUMENFELD
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