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A Propos du Téléchargement

Alors que le projet de loi "HADOPI" ("Création et Internet") est voté à l'Assemblée nationale, comment la Halakha répond-elle à certaines questions soulevées par l'usage du numérique ?

Q.

Y a-t-il quelque chose à redire au téléchargement sur Internet de chansons au format MP3, avec utilisation de réseaux comme Emule ?


R.

Les chansons enregistrées sont comme d'autres biens mis à la disposition du public, tels les ponts et les autoroutes, très chers à créer, mais accessibles aux usagers à un prix modique. De même que, pour les autoroutes, les gouvernements soutiennent leur construction en concédant aux sociétés qui les ont réalisées le droit de percevoir d'importants péages, bien que ce qui est payé par chaque automobiliste représente peu de chose, de même protègent-ils la production d'œuvres musicales en garantissant un droit d'auteur qui permet aux artistes de recueillir des fonds auprès de leurs auditeurs, bien que la copie d'une chanson ne coûte presque rien.

Copier une chanson sur Internet équivaut à contourner une cabine de péage. En n'achetant pas de ticket, on voyage gratuitement sur le compte d'investissements réalisés par des tiers.

Nos Sages considèrent que le paiement des péages est l'exemple type de l'obéissance du citoyen à la loi, et ils mettent l'accent sur l'importance que revêt ne serait-ce que l'apparence d'une évasion à ce devoir.

Il est vrai que, si tout le monde se met à copier gratuitement des chansons, aucune protection des droits des auteurs ne sera plus possible. Il est néanmoins contraire à l'éthique de se joindre aux foules qui s'attaquent à ces droits artistiques. Cela ressemble à un raccourci qui traverse un domaine privé et par lequel passe toute la population. Ce raccourci, des milliers de fois piétiné, finira par devenir un véritable sentier. Il est vrai que celui qui se tient à l'écart n'aide guère le propriétaire après que le sentier a déjà été tracé, mais nous avons le devoir d'être particulièrement attentifs à ne pas participer, même dans une infime mesure, à cette forme de spoliation immobilière.

Sources : Talmud de Babylone, Baba Qama 113a ; Souka 30a ; 'Erouvin 53b.

 

Q.

Je travaille dans un studio de duplication de vidéos dépendant d'une agence de publicité. Quand je recopie des prises de vue, je suis exposé à de la pornographie " douce " enregistrée sur certaines annonces. Est-ce que je devrais m'abstenir de dupliquer de tels produits ?

 

R.

Vous posez ici deux questions distinctes : celle de votre propre exposition à des obscénités, et celle de votre rôle en les diffusant. Nous allons les examiner séparément.

Il est tout à fait évident que vous devez éviter de vous exposer à ces vidéos. La tradition juive considère que ce qui attise le désir produit des effets très dévastateurs sur l'esprit humain. Cela s'applique même à une personne mariée, dont on pourrait penser qu'elle canalise l'influence de ces formes d'agressions à des fins permises. Elle risque cependant de procéder à des comparaisons destructrices et inconscientes entre le prétendu " idéal " que l'on trouve dans les médias et son expérience réelle.

Si vous devez absolument examiner les vidéos pendant que vous les dupliquez, afin de vérifier la lumière, les couleurs, la distance focale, etc., voici une solution qui pourrait fonctionner dans votre cas : Essayez de fabriquer un masque pour votre moniteur de vidéo. Une demi-douzaine de rayures verticales très étroites au centre de l'écran peuvent suffire à neutraliser complètement tout effet provocateur contenu dans les films.

Si cette astuce ne vous permet pas de faire votre travail correctement, ou si elle n'élimine pas l'influence de ces vidéos, vous devrez songer à vous affranchir de cette partie de vos activités professionnelles, même si cela doit nuire à votre gagne-pain.

Le problème de la diffusion de ces films est plus facile à résoudre. Ce serait certainement mal agir que de passer toute votre journée à copier des films suggestifs. Cependant, la situation que vous décrivez est très différente. Cette activité ne représente qu'une faible partie de votre travail ; le matériau sur lequel vous travaillez n'est pas agressif ; et vous ne disposez pas d'une véritable influence puisque vous n'êtes pas le patron et que beaucoup d'autres studios sont prêts à faire ce même travail. Etant donné que votre gagne-pain est en jeu, vous n'avez aucune raison de démissionner pour éviter d'avoir à dupliquer des films qui ne posent problème que de manière occasionnelle, et alors qu'ils seraient copiés de toutes manières sans votre intervention.

Sources : Rachi sur Nombres 15, 39 ; Genèse 34, 7 ; Talmud de Babylone, Nedarim 20b; Michna Chevi'ith 5, 8-9, 7, 4.

 

Q.

Je viens d'embaucher un programmeur qui travaillait auparavant pour un concurrent. Notre rivalité avec cette firme est si intense qu'une partie importante de l'activité de notre société consiste à nous renseigner sur les atouts et les faiblesses de ses produits. Bien entendu, j'aimerais tirer parti des connaissances particulières de notre nouveau collaborateur quant aux produits de notre concurrent. Ai-je le droit de le charger d'être notre " agent de renseignements " ? Et si lui demandais de revoir les conclusions auxquelles a abouti notre actuel " agent de renseignements " ?

 

R.

La loi et la coutume sont claires quant aux obligations qui s'imposent à un travailleur envers un précédent employeur. Il peut emporter toute l'habileté qu'il aura acquise, mais il doit laisser derrière lui tous les secrets. Si un sportif a amélioré ses performances avant d'être transféré dans un autre club, il n'a pas à les ralentir dans sa nouvelle affectation, mais il lui est interdit de révéler les signes convenus échangés entre ses anciens camarades.

Votre nouveau programmeur est peut-être très habile à utiliser les produits vendus par votre concurrent, mais je ne crois pas, franchement, que ce soit la raison pour laquelle vous appréciez sa contribution à votre analyse quant à votre concurrence, que celle-ci soit directe ou indirecte.

La modestie et discrétion sont des valeurs suprêmes dans le judaïsme, et la loi juive est en conséquence extrêmement stricte quant à l'obligation de garder les secrets. Des renseignements d'ordre privé, y compris des secrets commerciaux, ne doivent pas être révélés même si celui auprès duquel ils ont été recueillis n'a pas demandé explicitement qu'ils restent confidentiels. Aussi ne devriez-vous pas encourager votre nouvel employé à aller contre ces principes moraux.

Vous avez le droit de recueillir des renseignements sur vos concurrents afin d'améliorer votre propre compétitivité, mais il vaut mieux s'en tenir aux informations fournies par des sources accessibles au public.

Sources : Talmud de Babylone, Yoma 4b ; 'Hafets 'Hayim, Lachon hara' 2, 13.

 

Traduction et adaptation de Jacques KOHN


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Asher MEIR
Le rabbin Asher MEIR a reçu un diplôme de Ph.D. en Economie au Massachusetts Institute of Technology, ainsi que l'ordination rabbinique en Israël après avoir étudié pendant douze ans dans des yechivoth. Il dirige le Jewish Business Response Forum, au JCT Center for Business Ethics, et il enseigne les sciences économiques au Jerusalem College of Technology. Avant son installation en Israël, il a travaillé comme conseiller économique auprès de l'administration Reagan. Il a publié plusieurs articles sur des sujets relatifs au commerce et à l'économie modernes et sur la loi juive.
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COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  2
Téléchargement sur internet - 12 Juin 2009 - par Cohen Yeouda
Bonjour et merci pour votre apport à notre compréhension des lois halakhiques. Je reviens vers vous par rapport à la position que vous exposez sur les droits d'auteur et la duplication numérique des chansons. Le raisonnement que vous menez permet de justifier que l'on doit payer pour jouir de tout bien tel un pont ou une autoroute qui a nécessité un travail, et que l'on doit se plier aux lois applicables à tous les citoyens.
Toutefois, vous partez de l'idée initiale que "Les chansons enregistrées sont comme d'autres biens mis à la disposition du public, tels les ponts et les autoroutes, très chers à créer, mais accessibles aux usagers à un prix modique."
Or, il y a une donnée qui différencie nettement les chansons et les autoroutes: une chanson est un bien immatériel et la technologie la rend reproduisible indéfiniment sans besoin d'un travail supplémentaire. Une autoroute est unique et difficilement reproductible.
Que dit donc le Talmud par rapport à la transmission de biens immatériels? N'a-t-on pas le droit de répéter une idée ou un enseignement (en mentionnant son auteur)? A-t-on le droit de recopier un texte, un livre? Nos Sages ont-ils jamais réclamé des droits d'auteur par rapport à leurs enseignements pourtant bien plus estimables qu'une chanson pop?
Pourriez-vous nous éclairer s'il vous plait sur ces aspects du débat?
Halkh'a -société - 11 Avril 2002 - par Gies Emmanuel
Ces point de vues halakhiques sont d'une extrême importance lorsqu'on veut vivre avec la Tora aujourdh'ui. Encore!
Quid par exemple, de la copie d'une cassette de musique à usage personnel lorsqu'on ne la trouve plus dans le commerce, ou lorsqu'on ne peut se la procurer?
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