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Roch Hachana et Yom Kippour

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Les Rendez-vous de l'Année Juive / Roch Hachana et Yom Kippour back  Retour

Yom Kippour ou la vision globale

A Kippour, D.ieu envisage le monde et les hommes comme au premier jour de la Création: une vision unifiée où les actions terrestres ne sont pas pesées selon la stricte arithmétique de la justice terrestre mais dans la dimension d'unicité divine absolue.

A Kippour, par habitude, par tradition ou par conviction, le Juif retrouve le chemin de la synagogue. Et ce quel que soit son degré d’engagement et de pratique religieuse.
Nos sages nous expliquent que ce jour contient, dans sa texture même, une puissance fédératrice, unificatrice au travers de laquelle chacun, à son niveau, se sent appelé, interpelé, attendu. C’est le fameux Itsumo chel yom dont parle le Talmud : épaisseur, solennité et intensité du jour de Kippour à nulle autre pareille.
 

Changement de paradigme

 
Il est rapporté dans le Midrash que D.ieu a  créé le jour de Kippour, au 1er jour de la création du monde. Ayant séparé la Lumière des Ténèbres, c'est-à-dire les actions des justes de celles des méchants, il considéra comme une nécessité absolue la création d’un jour de pardon pour les actions humaines. Le fameux Yom E’had, jour 1 (Genèse 1, 5), des six jours de la création ferait donc référence au jour de la création de Yom Kippour. En ce jour où rien n’était encore  créé, où D.ieu était seul dans Sa création, s’imposait le besoin d’une mise en perspective des actions humaines et de la possibilité d’un pardon.
 
Dans le  prolongement de ce jour UN de la création, D.ieu adopte à Yom Kippour une vision du monde et des hommes identique à celle du 1er jour de la création. Une vision unifiée où Il envisage les actions terrestres non pas dans l’optique d’un juge impartial qui pèserait, soupèserait et ferait les comptes selon la stricte arithmétique de la justice terrestre qui veut que les actes positifs ou répréhensibles s’additionnement et se soustraient les uns aux autres sans aucune forme de vision atténuante ou relativisante, mais dans sa dimension d’unicité absolue (Yi’houd Hachem) dans le monde uni et cohérent qu’Il a créé.

Le 1er jour de la création est appelé Yom E’had (jour UN)  plutôt que Yom Rishone (1er jour) car c’est le jour où fut créé Yom Kippour,  jour où D.ieu est présent dans le UN, à partir de son unité sans faille. Dans cette unité, tous les actes, tous les êtres, ceux qui réalisent des actions louables et ceux qui en fomentent de condamnables sont perçus et appréhendés dans cette dimension d’unité absolue, celle du «Yi’houd Hachem », c'est-à-dire en percevant toutes les actions humaines comme participant d’une même finalité, d’un même but :  révéler la logique et la cohérence du projet divin, révéler l’infinie bonté du créateur qui maintient le monde malgré  l’injustice, la corruption, les dépravations, malgré tous les gestes de destruction qui auraient dû selon toute logique entamer, saper ou faire échouer le projet divin.
En ce jour, D.ieu  quitte la logique de la justice terrestre pour appréhender Sa création dans une dimension  totalement unifiée.
En ce jour de Kippour, D.ieu dirige et perçoit le monde à partir d’un niveau supérieur. Il quitte la logique de la justice terrestre pour appréhender Sa création dans une dimension  totalement unifiée. Il juge à partir d’un système de données qui Lui est propre, dont Lui seul a les clefs et dont Il est le seul à connaitre les tenants et les aboutissants. Ainsi qu’il est dit dans Isaïe chapitre 48 verset 11 : « yahel lémaaneï kéahéha » « c’est pour moi, pour moi que je le fais ». Et toujours dans Isaïe chapitre 43 verset 25 : « anohi hou mohé péchaéha lémaani vé’hatotéha lo ézkor ». « Et c’est moi, moi-même qui efface tes pêchés par égard pour moi, et tes fautes je ne veux plus m’en souvenir ».
C’est la dimension du « lémaani » « pour moi » qui apparaît dans toute sa plénitude le jour de Kippour. Le monde y est appréhendé du point de vue de D.ieu, selon sa logique de l’Unité, logique qui ne répond absolument pas aux critères de jugement de l’humanité terrestre.
C’est cette dimension que nous révélons et exprimons dans le « avinou malkénou » lorsque nous disons : « Assé lémaanéha ïm lo lémaanénou, assé ïmanou lémaan chéméha », « Agis avec nous, en ton nom ». Ou bien dans la « Amida », les dix-huit bénédictions,  dans l’expression : « lémaan chémo béaava », « en son nom, par amour ».
L’on comprend peut-être un peu mieux à présent la raison pour laquelle chacun peut ressentir le besoin et la nécessité de se présenter devant l’Eternel le jour de Kippour. Chacun se sent d’une certaine façon agréé par Lui. Chacun a  comme l’intuition d’un regard autre, à partir d’autres catégories – l’impression d’être vu d’en haut, dans la globalité de son être.
 

Mise en condition

 
Pour mieux comprendre l’essence de ce regard, nous pourrions le comparer au regard que porte un parent sur son enfant.
Un père, une mère ne fait pas le compte des actions de son enfant selon une arithmétique rigide et implacable. Il  le considère toujours dans la totalité de son être et  le perçoit, même dans les actions critiquables et même dans ses défauts, de manière positive voire bienveillante.
Ce regard s’appelle Bonté, « ra’hamim » mais aussi confiance.
Les 13 niveaux de bonté que nous  répétons si souvent tout au long de la journée de Kippour « Hachem Hachem E-l ra’houm vé’hanoun » ne sont pas au nombre de 13 par hasard. Ils correspondent à la valeur numérique du mot « éhad », « un » qui est 13. C’est dans ce « éhad » que se rencontre la bonté avec laquelle D.ieu nous considère et nous juge en ce jour de Kippour.
Pour mériter ce regard, il faut d’abord en avoir conscience. Il faut également être capable de ressentir la nécessité de changer certaines de nos façons d’agir et de nous comporter.
Si la Thora  exige  de demander pardon à notre prochain et de lui accorder le pardon avant Yom Kippour, c’est justement pour nous aider à mieux ressentir et à mesurer à sa juste valeur le comportement et le pardon de D.ieu à notre égard.
En effet, pour demander pardon et pardonner il faut être capable de percevoir son prochain et son comportement non plus sous l’angle de la stricte comptabilité, j’allais dire du règlement de comptes, mais au contraire, comme un être pareil à moi, qui par le biais de ses bonnes et de ses mauvaises actions construit son humanité,  a droit à l’erreur, en qui il faut croire et espérer et dont D.ieu Lui-même nous dit qu’il accomplit en définitive le projet divin.
Seule une vision globale de l’homme permet de ne pas désespérer de lui et permet à l’humanité de se perfectionner. 


 


A PROPOS DE L'AUTEUR
le rabbin Elie EBIDIA
Elie EBIDIA est titulaire d'un CAPES de Lettres et d'un Doctorat en Cinématographie. Il enseigne la Philosophie dans les lycées et au Séminaire Rabbinique de France et donne de nombreuses conférences sur la Pensée Juive. Il est l'auteur, aux Editions Tashma, d'un suspense talmudique, "Mission secrète au Palais des Ombres".
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