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Tou biChevat, l'éloge de la diversité

Derrière un nom générique se cachent toutes les saveurs possibles pour remplir sa place et sa fonction dans la symphonie de l’univers.
Tou Bichvat avec suivant les époques et les lieux ses différentes  célébrations.
Oranges et raisin, fruits rares à cette période de l’année dans le Shtetel de la Pologne d’antan ; luxuriance des fruits et de leurs senteurs dans le mellah Marocain ; abondance des fruits exotiques dans toutes les contrées de notre époque grâce au miracle des oiseaux de fer, les transportant d’un bout du monde à l’autre.
Et devant toute cette abondance, un pincement au cœur avant de commencer la dégustation. Au bout du monde, mais aussi à côté de nous, des gens souffrent dans leur corps, dans leur tète, dans leur âme… Comment concilier ce sentiment avec le plaisir de cette dégustation, rappelant les prémisses du printemps et de la fin de l’hiver?
Et puis brusquement un élément nous revient en mémoire: cette table dressée nous oblige à prendre conscinence du bonheur de ce qui nous semble être de l’ordre de la nature et de l’évidence. " Cheheheyanou veKiymanou  Vehiguianou Lazman Hazeh : Merci eternel de nous avoir permis à nouveau cette année de nous faire vivre ce moment là".  Renouvellement de ce cycle de la nature, tellement normal et extra-ordinaire à la fois. Prononcer une bénédiction avant ce geste le machinal de porter à la bouche un aliment placé devant nous.
A-t-on besoin du manque pour réaliser le bonheur d’avoir? A-t-on besoin de vivre la peur de l’absence pour percevoir le bonheur de la présence, a-t-on besoin de voir la souffrance pour réaliser le bonheur d’un quotidien sans sombres nuages ?
Cette Beraha que nous prononçons ainsi que toutes celles qui scandent notre quotidien, est là pour nous permettre de prendre la mesure de cela.
Mais au-delà de cette prise de conscience, cette Beraha représente aussi la capacité de soumettre notre désir de consommer  à notre volonté. Ce temps d’arrêt avant de porter la nourriture en bouche est un exercice passionnant de maitrise de nous même face à notre appétit.
C’est aussi un élément qui nous renseigne sur l’acceptation que nous avons que l’univers et tout ce qu’il contient, a pour origine le créateur de l’univers, Hachem.
Il est un très joli usage dans bon ombre d’écoles, d’organiser pour les enfants de manière régulière, une « Seoudat Berahot », un repas de bénédictions. Il s’agit tout simplement de donner aux enfants la possibilité de prononcer autant que possible des bénédictions sur toutes sortes de « bonnes choses ». Oui ces moments là sont importants car ils ancrent dans l’esprit et le cœur de l’enfant la conscience qu’il existe un créateur et qu’un lien existe avec lui à travers cette reconnaissance qu’on lui exprime.
L'actualité médiatique et souvent source d'angoisses, l est de plus en plus important de renforcer notre lien avec le créateur. N’ayons pas peur de le faire exister dans notre quotidien, non seulement en en parlant mais en cherchant aussi à le transmettre à nos enfants. Ne les laissons pas avancer dans l’existence sans ce viatique indispensable qui est le fait de savoir que l’univers à une origine, que la Thora est là comme une balise constante dans notre existence, qu’elle porte un message d’éternité,  et que notre histoire est l’expression même de la vérité de son message.
Tou Bichevat est un moment pour repenser à tout cela mais aussi, un occasion extraordinaire de repenser à la diversité sous toutes ses formes. Saveurs, formes, textures, couleurs différentes, pour un seul nom générique «  un fruit ».
Reposer cela à l’échelle de l’humain qui derrière un nom générique, cache toutes les saveurs possibles pour remplir sa place et sa fonction dans la symphonie de l’univers. Cela nous amène à arriver à ne point éprouver un quelconque mépris vers celui qui nous semble différent de par sa dimension étrange mais qui a sa place dans l’univers dés lors que celle ci n’existe pas pour faire du mal à l’autre.
Deviner que derrière toutes ces écorces parfois si épaisses que se cache la fragilité du fruit, voir qu’une même variété se décline sur différentes couleurs et différentes saveurs, comprendre que derrière une écorce fripée se cachent parfois les goûts les plus délicieux .
Travail d’exploration et de recherche.
Travail d’éternité.
 
 


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Elie LEMMEL
Après des études en Yechiva (Israel et France) et l'obtention d'une semih'a il dirige depuis 1995 l'association Arakhim France. Il crée en 2000 l'association LEV, le site internet Lamed.fr, et en 2002 la maison de la famille. Directeur du journal VDJ, il intervient régulièrement à la radio et tient une chronique sur ActuJ. Membre du comité d'ethique de RAMBAM france il crée par ailleurs l'émission Chalom RAV sur TFJ. Conférencier international, il intervient sur de nombreux sujets et plus particulièrement sur celui de la famille;
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