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Famille / L'art d'être parent back  Retour
L'avis du médecin : est-il nécessaire d'expliquer à un enfant les raisons du divorceL'enfant n'est jamais un simple figurant, pas même le nourrisson, dans ce drame qu'est peu ou prou un divorce.


Un enfant advient au monde et se construit dans une triade, celle qu'il forme avec son père et sa mère. L'être de l'enfant, c'est-à-dire la cohésion d'un désir et d'une intelligence, dépend de l'apport structurant des deux parents, unis dans un projet de couple et dans une volonté éducative.

II est clair que, dans ces conditions, toute atteinte portée à cette triade désirante sera une violence faite au plus faible : l'enfant, dont le simple désir de vivre attend de ses parents la promesse de son développement comme désir proprement humain, vivra dans l'angoisse, comme une menace pour son être propre, les mésententes et les ruptures.
Menace de perdre les repères indispensables à son édification comme humain, angoisse d'avoir à subir l'effondrement d'une association nécessaire à sa survie.

UNE EXPLICATION NECESSAIRE

Si les mots manquent, il s'éprouvera coupable de participer sans le vouloir à une situation sans doute honteuse puisqu'on n'en parle pas

II faudra donc informer de la séparation, en donner la signification exacte, et le faire avec des paroles justes et vraies, qui s'adresseront avec responsabilité à l'enfant en tant qu'élément de la triade. En l'occurrence, ce qu'il est juste et vrai de dire, c'est que l'union des parents ne peut plus durer pour des raisons qui les concernent en tant qu'homme et femme : que le désir du couple de vivre ensemble a cessé, mais que le désir qui l'a fait naître lui, ne peut pas ne pas avoir été, et que ce ne peut jamais être en tant que parent qu'un homme et une femme se séparent.
Que lui, l'enfant, continue d'avoir un père et une mère, position initiale à partir de laquelle l'enfant, quel que soit son âge, pourra entendre de ceux qui renouvellent ainsi leur "contrat parental", que son monde va changer et qu'une épreuve l'attend.

Il n'est pas question d'affirmer le contraire, ou de laisser supposer que des dissensions ou des difficultés personnelles sont cause de ce qu'un homme et une femme ne veulent plus oeuvrer ensemble.
Ce sont de mauvaises raisons, qui déstructurent l'enfant et inhibent son développement, parce qu'alors les parents ne tiennent plus leur rôle de référents.
On sait bien en effet que, quelles que soient les difficultés, un homme et une femme ayant l'un pour l'autre un désir de construction et d'accompagnement qui tient ne divorcent pas. En revanche, cela peut ne pas tenir, et le divorce est alors aussi nécessaire que l'était le mariage. Cela serait dire, par les deux parents, conscients de l'acte contractuel qu'ils font en divorçant comme ils l'ont été en s'unissant.

Toute autre explication serait incompréhensible, et par conséquent source de culpabilité pour l'enfant. Celui-ci doit être préservé des interprétations qui l'impliquent dans la rupture. II faut rétablir fermement la vérité sur ce point : les tensions que ne manqueront pas de susciter la naissance et l'éducation des enfants ne sont pas pathogènes pour le couple ; c'est plutôt que le couple ne tenait pas, et n'a pas résisté aux conflits.

DECULPABILISER L'ENFANT

Dans les cas où l'on se dispute autour de l'enfant (jalousie ou sentiment d'abandon du conjoint en période oedipienne du fils et de la fille, incapacité du père à signifier les interdits nécessaires à la maturation des pulsions : les parents sont alors immatures et l'on comprend que leur désir d'homme et de femme n'ait pas résisté, qu'ils se sentent disqualifiés comme adultes aux yeux l'un de l'autre) il faut au moins faire l'effort de rétablir le vrai et de dire à l'enfant qu'il n'est pas responsable de la séparation et qu'aucun mal n'est associé à sa naissance.

Cette vérité dite par les 2 parents, particulièrement aux enfants avant l'âge de 10 à 12 ans, c'est-à-dire aux sujets en cours de structuration et de croissance, revalorisera les adultes tutélaires ; et le divorce aura alors valeur de restauration d'un état de paix dans lequel ils pourront jouer leur rôle de modèles identificatoires pour faire grandir leurs enfants.

Quelquefois, la situation exige que l'on explique aux enfants, sans discrimination d'âge, la nécessité de se séparer d'un conjoint en si grande souffrance, qu'il doit se retrouver seul pour régler ses problèmes. Cela pourra être fait par un tiers que l'enfant écoute (collatéral masculin, médecin, psychologue) en présence de la mère (ou du père) qui pourra témoigner des qualités d'un homme (d'une femme) qu'elle ou il, a suffisamment aimé et estimé pour l'épouser, mais avec lequel il est devenu trop difficile de vivre.

En précisant ainsi les raisons de leur désunion, les parents donneront à l'enfant des mots justes avec lesquels il pourra lui-même se sentir assez fort pour continuer sa propre vie (scolarité, relations avec ses frères et sœurs, et avec l'extérieur) ; si les mots manquent, il s'éprouvera coupable de participer sans le vouloir à une situation sans doute honteuse puisqu'on n'en parle pas, et hors de sa compréhension, puisqu'on ne lui explique rien.


LE RECOURS AU PSYCHOLOGUE

Seul un psychologue sera en position de faire comprendre à un garçon, par exemple, qu'il peut continuer à aimer son père violent tout en renonçant à le prendre comme modèle pour sa propre virilité.

C'est souhaitable à priori en cas de divorce conflictuel ou si les agissements des adultes qui ont mené au divorce, ont gravement troublé la famille.

Un enfant grandit grâce à l'amour de soi que lui assure la présence auprès de lui de ses deux parents.

Le narcissisme est le fondement de la personne humaine et garantie la progression de l'enfant vers son état d'adulte ; la tâche des parents est de permettre et de favoriser l'évolution de ce narcissisme dans le sens d'une autonomie toujours plus grande, en refusant à l'enfant les satisfactions liées à une dépendance (à ses besoins, à son entourage) sans avenir. II faudra notamment qu'ils fassent valoir auprès de l'enfant, et que vaillent pour eux-mêmes l'interdit des plaisirs du corps à corps avec la mère, (sevrage), puis l'interdit de continuer à dépendre, pour ses besoins de sa mère et de son entourage, enfin, l'interdit de sa réalisation comme homme ou femme à l'intérieur du cercle familial et éducatif (interdit de l'inceste).

L'enfant doit être accompagné dans ces étapes de renoncement et de réorientation de son désir, et tout au long de cette initiation à la vie d'homme ou de femme, par des personnes crédibles et ayant renoncé elles-mêmes à prendre comme but et comme satisfaction dans la vie l'assouvissement de leurs besoins. C'est de ces adultes à proprement parler, qu'il apprendra la valeur de son désir en renonçant chaque fois à le satisfaire de la façon dont il le faisait jusque là, d'une manière générale, en le dissociant chaque fois un peu plus de son besoin, pour une plus grande autonomie de sa volonté.

Or, l'expérience des conflits qui ont mené au divorce peut avoir entamé la confiance ou perverti les modèles identificatoires (pouvoir être, pouvoir faire comme papa ou comme maman) que doivent être les parents. Un couple parental violent, par exemple, peut entraîner chez la fille ou le garçon en âge de s'envisager femme ou homme, une tendance à s'identifier au "vaincu" (masochisme) ou constituer un modèle de délinquance (détruire pour s'imposer).
Seul un psychologue sera en position de faire comprendre à un garçon, par exemple, qu'il peut continuer à aimer son père violent tout en renonçant à le prendre comme modèle pour sa propre virilité.

D'une manière générale, il faudra aider les enfants à renoncer à cette part idéale d'enfance en quoi consiste le fait de vivre avec ses deux parents, et puisque les choses sont ainsi, hâter les conditions de son indépendance eu lui montrant comment s'affirmer dans son identité de fils ou de fille de cet homme et de cette femme là, par-delà les aléas des adultes et les déchirements régressifs.

Ils devront notamment être aidés, si les parents n'ont pas le souci permanent de conserver leur position d'adulte, à rechercher leur propre autonomie :

- en n'acceptant pas d'être les gardiens, consolateurs, voire conjoints de leur parent.

- en envisageant plus tôt qu'un autre enfant les conditions et moyens de son propre avenir.

D'une façon générale, il faut que l'enfant ait la possibilité de parler de la souffrance occasionnée pour lui par un divorce à quelqu'un qui n'est pas impliqué dans son histoire personnelle.

D'une façon générale, il faut que l'enfant ait la possibilité de parler de la souffrance occasionnée pour lui par un divorce à quelqu'un qui n'est pas impliqué dans son histoire personnelle, qui gardera pour lui ce qui aura été confié, qui restituera, en cas de besoin, le sens des difficultés vécues inévitablement et des décisions prises à son sujet. L'enfant n'est jamais un simple figurant, pas même le nourrisson, dans ce drame qu'est peu ou prou un divorce.

Mais de même que le divorce est en lui-même l'étape résolutive pour les difficultés du couple, de même, l'épreuve de renoncement à vivre avec les deux parents, dans la sécurité de leur entente, peut être un moteur de maturation précoce pour l'enfant de divorcés. Il devra être soutenu dans ses tentatives pour se responsabiliser plus tôt, pour s'autonomiser, pour s'émanciper parce que la situation l'exige. Ce sera par exemple, au psychologue de l'aider à reconnaître comme nuisible pour lui-même le rôle, où il peut être appelé en cas de conflit grave, de soutien d'un parent contre l'autre, ou la capture de son désir dans le vœu d'être celui ou celle qui sera tout pour le désir de son père ou de sa mère.

Le psychologue sera appelé alors à jouer un rôle de médiateur entre l'ancienne vie et la nouvelle, en lui restituant le sens des changements qu'il subit (d'appartement, d'environnement familial, scolaire, voire de pays) ; faute de quoi les séparations inévitables prendront le caractère de traumatismes c'est à dire d'une blessure infligée par un réel qu'aucune parole juste, aucun médiateur n'est venu convertir expérience et en savoir maturant pour sujet.


QUE FAIRE POUR QUE L'ENFANT ACCEPTE LE NOUVEAU CONJOINT ?

Je ne suis pas votre mère, mais vous êtes mes enfants.

Nous avons vu les désordres qu'entraîneraient sur le plan inconscient les manquements aux rôles de père et de mère ; chacun doit pouvoir continuer, même dans la séparation à occuper sa place. Mais dans la nouvelle disposition engendrée par le divorce beaucoup de circonstances peuvent venir remettre en cause la triade nécessaire.

Dans le meilleur des cas, les deux parents séparés se remarient chacun de son côté ; c'est la meilleure incidence car cela évite toute attitude régressive de la part des adultes et par conséquent des enfants : c'est pourquoi il importe peu que l'enfant soit d'accord ou pas avec l'idée d'un remariage, l'essentiel étant de lui faire admettre la présence d'un adulte rompant l'intimité exclusive avec son parent. Pour que la présence de cet adulte ne soit pas vécue comme seulement intrusive, Ia condition est que celui-ci soit admis comme ayant son rôle dans l'éducation de l'enfant.

- admis d'abord à part entière comme époux ou épouse par le parent remarié. Beaucoup trop de remariages à visée utilitaire (donner une mère à des jeunes enfants, une présence féminine à une demeure, un soutien financier à une famille) en négligeant l'engagement nécessaire à la formation d'un vrai couple, vont à l'encontre même de leur but.

- accepté par le parent séparé, qui s'abstiendra de juger le nouveau mari ou la nouvelle épouse et quelle que soit sa propre situation, évitera que la jalousie ou le ressentiment ne viennent troubler les relations de son enfant avec la personne qui aura auprès de lui le rôle éducatif.

- le nouveau conjoint doit veiller strictement à ne pas s'approprier le titre de père ou de mère de l'enfant, ainsi que les droits qui les accompagnent. Un jour où je le consultais à propos de ces questions, Rav Heyman me rapporta comme un modèle du genre les propos qu'une belle-mère adressa à sa petite famille "d'adoption" : "je ne suis pas votre mère, mais vous êtes mes enfants", formule magistrale en effet pour dire qu'on prend en charge un rôle de maman, en respectant les liens inaliénables de la mère et de ses enfants.

Le statut de chacun est alors pleinement articulé et il convient que ce soit le père ou la mère avec lequel ou laquelle vit l'enfant qui le spécifie, entérinant comme définitive et sans appel la nouvelle organisation familiale ; si l'on y parvient pas, l'enfant risque de pouvoir " jouer son père contre sa belle-mère", par exemple, ou d'introduire le parent séparé comme arbitre du nouveau couple ce qui, on l'a vu, mettrait en danger la conquête de sa propre autonomie.



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Dr Alain HADDAD
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