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Les institutions religieuses peuvent-elles accepter de l'argent gagné de manière illégale ou amorale?

Le délicat problème de l'acceptation des dons d'origine douteuse apparaît souvent dans la pratique quotidienne.

Beaucoup d'organisations juives ont bénéficié de la générosité de donateurs qui s'étaient enrichis soit en employant des moyens contraires à loi juive, soit en opérant dans des domaines désapprouvés par la Torah. La question de savoir si des organisations consacrées au développement des valeurs morales juives ont le droit d'accepter des contributions de la main de gens qui ne se conforment pas à ces valeurs est un vieux dilemme : le donateur cherche-t-il à atténuer une part de sa culpabilité en contribuant financièrement à des causes dignes de respect et doit-on l'aider à progresser sur le chemin du repentir, ou bien doit-on voir ici une manifestation d'une ambivalence morale et s'abstenir d'accepter des dons " faisandés " ?

Ne peut-on craindre, en acceptant ces dons, de ne servir qu'à alléger les consciences de personnes malhonnêtes?

Le sujet a été évoqué dans un récent article du Jerusalem Post (16 février 2001). Le rabbin Mordekhaï Liebling, directeur du Shefa fund, dont le but est de " faire prendre en considération les valeurs juives par les institutions lorsqu'elles acceptent de l'argent ", considère que " nous ne contribuons pas à cet objectif lorsque des Juifs acceptent de l'argent de quelqu'un qui est accusé de violer la loi ou d'exploiter les gens, et lorsque nous redonnons bonne conscience à cette personne sans qu'elle ait fait techouva ("repentir") ".

Le rabbin Zvi Blanchard, directeur du développement organisationnel au CLAL, considère quant à lui que si l'on se met à réfléchir sur le point de savoir si l'on va accepter ou non un don, " on en arrive à se poser des questions d'une extrême subtilité. Il s'agit d'aider quelqu'un à retrouver sa place dans la société. Or, la tradition de la techouva dans le judaïsme signifie que l'on n'a pas le droit de se dire, lorsqu'on s'est mal comporté, que l'on ne pourra plus jamais réintégrer la collectivité et y accomplir des bonnes actions ".

Les points de vue ci-dessus peuvent être rapprochés d'une anomalie dans la parachath Terouma, qui décrit dans le détail la procédure des donations offertes pour la construction du tabernacle que les Juifs ont bâti dans le désert.

Le premier verset (Exode 25, 2) commence par dire : " Parle aux enfants d'Israël, ils prendront pour moi une offrande ", impliquant que seuls les Juifs étaient concernés, puis il continue par : " … de tout homme que son cœur incitera à une offrande ", semblant ainsi accepter les dons venus de l'extérieur.

Le Zohar, un ouvrage kabbalistique du deuxième siècle attribué à Rabbi Chim'on bar Yo'haï, explique, sous Vayaqhèl 7, que la Torah fait ici allusion au " ramassis " constitué par des non-Juifs qui avaient accompagné Israël lorsqu'il est sorti d'Egypte. En dépit du fait que leurs richesses étaient antérieures à l'Exode et qu'elles avaient pu être acquises illégalement, D.ieu a voulu les faire participer à la construction du sanctuaire.

Rav Abba, dans le Talmud de Jérusalem, Cheqalim 11, est encore plus explicite : il considère le kapporeth, la couverture d'or qui ornait l'arche sainte, comme une expiation appropriée pour le veau d'or (le mot hébreu kapporeth comportant une connotation d'expiation, comme dans le mot : " Yom Kippour "). Rav Abba confère un brevet de légitimité à des contributions qui sont présentées comme un sacrifice expiatoire et ne les considère pas comme des abominations.

Cependant, une opinion plus sceptique est exprimée par Rav 'Hiya : " Le caractère de ce peuple est incompréhensible ! On leur demande de donner pour l'idolâtrie, et ils donnent ! On leur demande de donner pour le tabernacle, et ils donnent ! " Il semble que Rav 'Hiya n'approuve pas que l'on ait recours à la philanthropie pour expier ses péchés, étant donné que des donations présentées dans cette intention ne peuvent pas émaner d'un désir authentique de sainteté si le donateur s'engage dans l'idolâtrie.

Le Zohar lui-même conclut que les contributions offertes par la multitude du " ramassis " ont fini par être rejetées. " Ils ont fait le veau d'or et tous les Juifs qui les ont suivis sont morts. Étant donné qu'ils ont causé la mort et la destruction en Israël, D.ieu a dit : " A partir de maintenant, le tabernacle sera construit seulement par Israël !", comme il est écrit (Exode 35, 1 et suivants) : " Moïse fit assembler toute la communauté des enfants d'Israël, et il leur dit : … Prenez de chez vous une offrande pour D.ieu…" "

Il apparaît ainsi clairement que si le donateur a fait du mal à des Juifs, son argent ne sera pas accepté pour des causes saintes.

L'attitude de Salomon visait à ne pas prêter le flan à la critique sur les origines du financement du Temple.

Mais qu'en est-il d'un présent offert par celui qui n'a pas fait de mal à des Juifs, mais dont la fortune a été acquise par des moyens illégaux ? Le Zohar (Vayaqhèl 63) se réfère ici à une autre source selon laquelle une telle libéralité ne procurera aucun mérite à son donateur, et ne fera même que rappeler ses péchés. Cette position est diamétralement opposée à celle, bien plus indulgente, de Rav Abba.

David, roi d'Israël, aurait voulu bâtir le Temple, mais il en a été empêché par D.ieu parce qu'il avait " versé beaucoup de sang ". Il a donc décidé de mettre de côté l'argent nécessaire. Son fils Salomon s'est cependant abstenu d'utiliser cet argent pour la construction du sanctuaire, parce qu'il craignait que les nations prétendent plus tard que le Temple avait été détruit parce qu'il aurait été financé par le produit des vols commis par son père au préjudice des nations (Rachi, Radaq ad I Melakhim 7, 51). David lui-même avait exprimé cette crainte en son temps (voir Yalqout Chim'oni).

Peut-être pouvons-nous conclure de ces commentaires que l'on doit prendre soin, lorsqu'on sollicite des dons, de s'assurer qu'ils ne risquent pas de causer plus tard une profanation du Nom de D.ieu.

On peut éventuellement accepter des donations provenant de sources douteuses, mais pas d'une manière qui puisse apparaître comme une absolution accordée à des pratiques illicites.

 

Traduit et adapté par Jacques Kohn


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Yoël DOMB
Le rabbin Yoël Domb a été diplômé par le JCT (Center for Business Ethics and Social Responsibility - " Centre pour l'éthique dans les affaires et pour la responsabilité sociale ") et il appartient à la faculté du JCT Pari Midrach. Boursier du Centre pour l'année universitaire 2000-2001, il effectue actuellement des recherches sur les sujets d'éthique dans les affaires contenues dans la loi juive et il prépare un cours destiné à faciliter l'enseignement de ces sujets dans les yechivoth.
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