La Matzah a un goût délicieux
au Seder.
Mais cela n'est pas dû à
des ingrédients spéciaux. Au contraire, la Matzah que nous mangeons
au Seder et tout au long de Pessa'h (à la différence de celle
que nous mangeons pendant l'année) ne contient que de la farine additionnée
d'eau; rien d'autre. Elle a si bon goût au Seder parce que, le temps d'arriver
à cette partie du repas, où nous accomplissons la Mitzvah de manger
la Matzah, la faim nous tenaille plus que d'habitude.
En outre, nous ne goûtons pas
à la Matzah la veille de Pessa'h ; et dans certains foyers, c'est une
pratique courante de ne pas en manger même depuis Roche-'Hodèche
Nissan (le 1er du mois de Nissan). Cet intervalle ajoute à la Matzah
du Seder un caractère de nouveauté et une attirance supplémentaire.
Sans compter enfin que nous accueillons la Mitzvah nous prescrivant de manger
la Matzah à Pessa'h. Tels sont, en fait, les " ingrédients
" qui donnent un goût si délicieux au Seder.
La Matzah est appelée Lé'hem-Oni
dans la Torah, et elle est ainsi nommée dans la Haggadah. Ces deux mots
sont généralement traduits par " pain d'affliction ".
" La Matzah est " plate
", non seulement d'apparence, mais aussi de goût. "
Un autre sens de Le'hem-Oni est "
pain d'austérité ", par quoi il faut comprendre : un aliment
très simple, que rien n'est venu enrichir d'aucune façon. Ni vin,
ni huile, ni miel ne peuvent être additionnés lors de la confection
de la Matzah Cachère pour Pessa'h. Y ajouter même du sel est interdit.
Ainsi "la Matzah cachère de Pessa'h " n'a ni assaisonnement
ni parfum. C'est un pain "pauvre " (non enrichi). La Matzah est donc
" plate ", non seulement d'apparence, mais aussi de goût. N'empêche
que ce pain très simple est l'aliment principal de notre grande fête
de Pessa'h. Si bien que celle-ci tout entière est appelée Plag
haAlatzoth - la fête du Pain sans levain.
Assez étrangement, la Matzah
est aussi appelée (dans le Zohar, ouvrage majeur de la Kabbale)) "l'aliment
de la Foi". Quel est le rapport que la Matzah peut avoir avec l'Emounah
(la foi) ? Et comment la première peut-elle symboliser la seconde ?
UN SENTIMEMT TRÈS
SIMPLE
Une réponse, la plus évidente, se trouve dans le Pentateuque.
Les Enfants d'Israël cuisirent leur pâte sans levain en faisant des
galettes plates et rondes parce qu'ils durent quitter l'Egypte en toute hâte;
ils n'emportèrent pas d'autres provisions (Exode, 12:39). Nos ancêtres
partirent du pays des Pharaons en grande hâte vers le désert. Néanmoins,
aucun d'eux ne demanda à Moïse : " Comment pourrons-nous, avec
nos enfants, nos troupeaux, vivre dans le désert ? " Ils mirent
leur foi en Dieu. Aussi la Matzah nous rappelle-t-elle cette foi et nous inspire
une foi semblable en Dieu.
Mais ce n'est là qu'un aspect
de l'Emounah - notre foi en un Dieu capable de pourvoir à nos besoins
quelles que soient les circonstances. Nous pouvons être sûrs qu'Il
tiendra les promesses qu'Il nous a faites (bien qu'en fait Il ne nous doive
rien). Nous devons également nous assurer que Dieu nous fait confiance
quant au respect des obligations que nous avons contractées envers Lui.
Cela, nous pouvons le faire seulement
si nous Le reconnaissons comme notre Roi et Maître, à Qui nous
devons obéir sans discussion aucune. Afin de remplir nos obligations
de la façon la plus adéquate, nous devons avoir une foi absolue
en l'Unique Dieu, notre Créateur, en Sa Torah et Ses Mitzvoth. Cette
Emounah aussi est symbolisée par la Matzah. " De quelle manière
? " demanderez-vous.
Et nous répondrons ceci :
L'Emounah est un sentiment intérieur
qui, dans sa forme pure, est très simple : iI ne comporte rien d'intellectuel
et n'est basé ni sur la raison ni sur la connaissance. La foi commence
où la connaissance finit. Dans nos rapports avec Dieu, la foi est le
commencement de la connaissance. Nous commençons par prendre conscience
qu'aucun être humain, quelque grande que soit sa sagesse, ne peut appréhender
entièrement Dieu ; aucune créature ne peut Le comprendre.
" Les " ingrédients
" de base de l'Emounah sont l'humilité et la soumission. "
A coup sûr, l'Emounah (la foi)
est un sentiment doux et très plaisant, mais il en est ainsi parce qu'il
apaise la faim de notre âme. En soi, la foi ne contient ni " du miel",
ni " du vin ou de l'huile ", et même pas " un grain de
sel ".
Les " ingrédients "
de base de l'Emounah sont l'humilité et la soumission. L'humilité
résulte de la conscience que nous prenons de notre "néant
" ; nous-mêmes ne sommes rien, nous ne possédons rien en propre.
Ce que nous sommes, ce que nous avons, tout nous vient de Dieu. Quant à
la soumission, elle naît de la conscience que nous avons de notre insuffisance
intellectuelle au regard de la sagesse infinie de notre Créateur.
Nous pouvons voir maintenant comment
l'Emounah est la contrepartie spirituelle de la Matzah : de même que celle-ci
est un aliment physique, l'Emounah, elle, est un aliment spirituel.
Le seul but de la libération
du joug égyptien, comme nous le dit la Torah, était la réception
de celle-ci au Mont Sinaï; nous cessions de servir Pharaon afin de servir
Dieu. L'Eternel le déclara clairement à Moïse quand, du buisson
ardent, Il lui parla : " Quand tu auras fait sortir d'Egypte le peuple,
vous servirez Dieu sur cette montagne " (Exode, 3:12).
C'est le message que Moïse apporta
à Pharaon au nom de l'Eternel à plusieurs reprises : " Libère
Mon peuple afin qu'il puisse Me servir ".
Dans le but de graver cela dans l'esprit
des Enfants d'Israël et de leur enseigner le premier pas dans le service
Divin, il leur fut commandé de manger la Matzah la veille de leur libération
du joug égyptien. Car la Matzah, comme nous l'avons expliqué,
est le symbole de l'Emounah, " le pain de la foi ".
LA VRAIE LIBERTÉ
Si nous voulons devenir de véritables
serviteurs de Dieu, nous devons commencer avec l'Emounah, la pure et simple
foi en Dieu, en Sa Torah et Ses Mitzvoth.
Notre raisonnement, notre compréhension, notre volonté même,
doivent être tenus à l'écart afin que nous puissions obéir
totalement à la Volonté Divine. Si un homme dit : Je voudrais
tout connaître sur les Mitzvoth avant de les mettre en pratique, il a
peu de chances d'en arriver à accomplir les commandements de Dieu.
Là est la leçon essentielle
de la Matzah, " aliment de la foi ". Et notre observance actuelle
de la Mitzvah nous prescrivant de manger la Matzah les deux premiers soirs du
Seder et tout au long de Pessa'h fortifie notre véritable Emounah et
nous aide à atteindre une mesure plus grande de liberté par le
service de Dieu durant toute l'année.