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Pourquoi Sodome a-t-elle été la seule ville à avoir été punie pour des péchés de dépravation fréquents à l'époque ? Qu'est ce qui lui a valu une telle punition?
La ville de Sodome est considérée par la Tora comme l’archétype du mal et comme se situant aux antipodes de l’idéologie d’Avraham. Aucune autre ville ne s’est acquis une telle notoriété dans la Bible en tant que foyer d’immoralité et de débauche. La Tora elle-même l’affirme sans équivoque :
« Et les hommes de Sodome étaient méchants, et grands pécheurs devant Dieu » (Berèchith 13, 13)

Sodome a été sévèrement punie pour ses péchés, si durement que la Tora fait de sa destruction un symbole à l’usage des générations futures :
« Tout son sol n’est qu’embrasement et soufre et sel, il ne sera pas ensemencé et rien n’y poussera, comme la subversion de Sodome et de Gomorrhe […] que Dieu détruisit dans Sa colère et dans Sa fureur » (Devarim 29, 22)

En quoi le comportement de Sodome était-il à ce point exécrable pour lui avoir valu une telle punition ? Qu’est-ce qui a justifié la destruction totale aussi brutale d’une région aussi prospère ? La Tora dit que les gens de Sodome se sont engagés dans des comportements sexuels interdits, mais une telle dépravation était courante dans l’Antiquité. Pourquoi Sodome a-t-elle été la seule ville à avoir été punie pour ces péchés si fréquents ?

Le Ramban explique par deux considérations le destin particulier de cette ville : le genre de péchés qu’on y commettait, et le lieu où ils ont été commis. Il cite à cet effet le verset :
« Voici quel a été le péché de ta sœur Sodome : orgueil, abondance de pain et insouciant repos, elle les a possédés, elle et ses filles ; mais elle n’a pas fortifié la main de l’affligé et du pauvre » (Ezéchiel 16, 49).

A partir de cette citation, le Ramban conclut que Sodome a surtout péché dans le domaine social, bien plus que dans celui de la sexualité. Ses habitants n’ont pas essayé de soulager le sort des pauvres et des faibles comme le faisaient d’autres nations, et c’est ce péché-là qui leur a valu leur réputation de cruauté et qui les a condamnés. De plus, ils ont commis ces crimes sur la terre d’Israël, dans le propre palais de Dieu. La spiritualité attachée à ce sol ne peut supporter une telle iniquité à l’intérieur de ses frontières.

On nous apprend que les habitants de Sodome sont devenus arrogants et cruels à cause de la fertilité de leur terre et de leurs richesses matérielles (Sanhédrin 109a). Ils n’ont pas voulu partager leur opulence avec d’autres, et c’est pourquoi ils ont été détruits en même temps que leur région.

Cette explication est fermement appuyée sur des sources textuelles, mais on a du mal à comprendre qu’une nation entière soit anéantie et son paysage transformé en un désert à cause d’un manque de compassion envers les pauvres. Il n’est même pas évident que la charité et le soutien aux indigents fassent partie des lois noa‘hides. Rabbeinou Nissim (Sanhédrin 57a) déduit l’origine de ce commandement de la punition de Sodome. Nulle part cependant la Tora ne condamne à mort celui qui ne se montre pas charitable. Pourquoi alors Sodome a-t-elle été punie si sévèrement ?
Les Sages nous décrivent avec force détails les coutumes des Sodomites (Sanhédrin 109b) :

« Si quelqu’un utilisait des briques pour construire un mur ou laissait ses oignons sécher au soleil, les gens avaient l’habitude d’en prendre un au passage, et, lorsque la victime se plaignait, on lui répliquait : “Mais je n’en ai pris qu’un seul !” »
« Si quelqu’un infligeait des blessures à son prochain, les juges condamnaient la victime à rémunérer son agresseur, étant donné qu’il avait amélioré son état de santé en pratiquant une saignée. »
« Quand arrivait un pauvre en ville, chacun lui donnait une pièce de monnaie gravée à son nom. Personne ne lui vendait de pain et, après sa mort, chaque donateur récupérait sa contribution. »


De ces exemples apparaît l’image d’une société dans laquelle le mauvais comportement a été officiellement consacré comme mode de vie. A l’époque du déluge, le vol et la cruauté caractérisaient aussi les comportements des gens, mais ces comportements n’avaient pas été officiellement sanctionnés ni réprimés légalement. Sodome a franchi un nouveau pas en édictant des règlements qui justifiaient à l’avance tous les moyens de s’enrichir, y compris ceux qui passaient par l’appauvrissement de l’autre.

Il existe malheureusement dans nos sociétés modernes beaucoup de situations comparables. Des politiciens ambitieux et des sociétés utilisent souvent n’importe quel moyen pour discréditer et affaiblir leurs adversaires ou leurs concurrents afin de faire avancer leurs propres pions. Des employés détournent sans remords des objets appartenant à leur entreprise (stylos, papier, etc.) et prétendent ensuite que c’est permis, parce que le peu qu’ils ont pris ne compromet pas l’équilibre financier de la société. Les juges sympathisent dans de nombreux cas avec l’accusé et trouvent des moyens de disculper son comportement. Certaines sociétés annoncent d’extraordinaires campagnes de charité, qui servent les buts qu’elles poursuivent, mais sans procurer aucun avantage ni aucun poste de travail aux indigents. Ces comportements sont proches des crimes de Sodome, et nous aurons du mal à les excuser dans notre société.

Rav Eliyahou Lopian, un des grands Sages de notre époque, a expliqué qu’il existe deux sortes de justices. La justice humaine ne voit les faits que comme ils sont. C’est ainsi qu’elle punit de la même façon celui qui a volé le riche ou le pauvre, même si le pauvre a davantage souffert du délit. La justice divine, en revanche, est vérité absolue, et elle tient compte de tous les sentiments et de tous les degrés de souffrance. Nous apprenons cela de David, roi d’Israël. Quand le prophète Nathan lui a reproché son mariage avec Bathchéva’, il lui a livré la parabole de l’homme riche qui a volé le dernier mouton d’un pauvre homme. David s’est alors exclamé :
« Par Dieu ! L’homme qui a fait cela mérite de mourir et de devoir rembourser le mouton au quadruple ! » (II Samuel 12, 5 et 6).

La loi des hommes prévoit en effet un remboursement du mouton au quadruple. Mais la loi divine prend en considération la cruauté dont a fait preuve celui qui a volé la seule bête d’un pauvre homme. Ce mal et cette corruption justifient une condamnation à mort, parce qu’ils montrent que le voleur est dépourvu des qualités humaines essentielles de compassion et de pitié. C’est cela peut être qui explique que la colère de Dieu se soit abattue sur Sodome. Au plan humain, ses habitants n’ont rien fait d’autre que frustrer le pauvre et le voyageur de leur bien-être essentiel. Mais à un niveau divin, ils ont manifesté par leur législation immorale tant de cruauté et d’inhumanité qu’ils ont mérité d’être effacés de la surface de la terre. En fin de compte, la leçon à retenir est que les richesses et le confort, quand ils se dégagent de toute règle morale, peuvent générer des comportements comme ceux en honneur à Sodome, et que la punition peut être beaucoup plus sévère que la simple perte de ces richesses.

 

Traduction et adaptation par Jacques KOHN


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Yoël DOMB
Le rabbin Yoël Domb a été diplômé par le JCT (Center for Business Ethics and Social Responsibility - " Centre pour l'éthique dans les affaires et pour la responsabilité sociale ") et il appartient à la faculté du JCT Pari Midrach. Boursier du Centre pour l'année universitaire 2000-2001, il effectue actuellement des recherches sur les sujets d'éthique dans les affaires contenues dans la loi juive et il prépare un cours destiné à faciliter l'enseignement de ces sujets dans les yechivoth.
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