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  Un soir d'hiver, juste après avoir allumé les bougies de Chabbat,
  je suis allée rendre visite à ma nouvelle voisine. Je me suis
  présentée et elle m'a invitée à entrer dans son
  salon où nous nous sommes assises et avons bavardé quelques minutes.
Sarah semblait âgée d'une trentaine d'années. Elle était
  charmante, joliment habillée, et lorsqu'elle souriait, on pouvait lire
  sur son visage une tension sous-jacente. Je compris que Sarah élevait
  seule ses trois enfants, et je me demandais ce qui avait bien pu se passer
  pour 
  qu'on lui en ait confié la garde.
" Etes-vous une maman à temps complet ?" demandai-je.
" Oui, une maman à plein temps qui travaille également.
  Je ne peux pas compter sur mon mari pour payer la pension des enfants qu'il
  est censé me verser."
" Je suis désolée,"dis-je et essayai de changer de
  sujet. "Où habitiez-vous avant de venir ici ?"
" J'habitais à l'autre bout de la ville. J'étais enceinte
  de mon plus jeune fils lorsque mon mari a perdu son emploi. Il était
  tellement furieux que j'attende encore un enfant (comme s'il n'avait rien à voir
  là-dedans) qu'il s'est mis à me donner des coups dans le ventre
  pour que je perde le bébé. A partir de là, tous les prétextes
  lui étaient bons pour me battre. Lorsque j'étais en retard pour
  lui servir son petit déjeuner, lorsque je n'avais pas mis la quantité exacte
  de sucre dans son café, lorsque je lui demandais de ne pas frapper notre
  fille…il s'imaginait que c'était une manière de m'enseigner
  quelque chose.
" Un jour, j'étais souffrante et je n'avais pas eu le temps de
  donner ses chemises à laver. J'étais occupée à préparer
  le repas des enfants tandis qu'il s'habillait pour une sortie en famille. Il
  fit irruption dans la cuisine et me saisit par les cheveux, puis, tout à coup,
  me traîna jusqu'à la cuisinière et maintint ma main sur
  le métal brûlant.
" 
  Voilà," dit-il, "ça t'apprendra à ne pas oublier
  de t'occuper de mes chemises!"
" Quelques jours plus tard, ayant postulé pour un emploi qui lui
  plaisait, il apprit que sa candidature n'avait pas été retenue.
  Il revint à la maison et me frappa avec une violence telle que tout
  mon visage était tuméfié. Je ne voyais plus clair et on
  dut m'emmener aux urgences. 
Je me retrouvai une deuxième fois à l'hôpital après
  qu'il m'ait encore brutalisée et là, le rabbin qui faisait fonction
  de chapelain vint à mon chevet.
" 
  Je vous en prie, parlez à mon mari et dites-lui qu'il ne doit pas me
  battre" suppliai-je le rabbin Goldstein. Il me demanda de lui raconter
  mon histoire, ce que je fis. Il me dit qu'il reviendrait me voir.
" Le lendemain le rabbin Goldstein revint me voir et me dit: "Vous
  ne devez pas rester avec votre mari. Je vous aiderai de toutes les manières
  possibles. En attendant, vous pouvez déjà vous installer dans
  un endroit où vous et vos enfants serez en sécurité"
" Quand j'y repense maintenant, je suis reconnaissante au rabbin Goldstein
  qui m'a sauvé la vie. Je ne regrette pas d'avoir quitté mon mari
  (nous sommes à présent divorcés), mais cela n'a pas été facile.
  Je suis revenue quatre fois vivre avec lui avant de décider que ce n'était
  plus possible. 
 Je me disais que j'avais dû être une mauvaise épouse,
  sinon, mon mari ne m'aurait pas traitée ainsi.
« J'imagine que vous devez trouver ça bizarre, mais je me disais
  que j'avais dû être une mauvaise épouse, sinon, mon mari
  ne m'aurait pas traitée ainsi. Pendant longtemps, je pensais que si
  je faisais exactement ce qu'il voulait, il cesserait de nous violenter. S'il
  pouvait trouver du travail, il serait plus heureux et ne crierait plus après
  les enfants. Si seulement j'étais l'épouse parfaite, j'arriverais à résoudre
  nos problèmes. J'ai mis très longtemps à prendre conscience
  que si je restais avec mon mari, je gâchais ma vie et celle de mes enfants.
" Dans ma communauté, les gens eux aussi s'imaginaient que mon
  mari était un homme formidable. Pour voir comment ils réagiraient,
  je racontai à quelques-uns de mes amis qu'avec moi, il n'était
  pas toujours très gentil, mais la plupart ne me croyaient pas. Il était
  là, distribuant des bonbons aux enfants, occupant son temps libre à visiter
  des enfants malades à l'hôpital, toujours prêt à rendre
  service aux personnes en difficulté. Qui pouvait croire que c'était
  un monstre à la maison ?
" Après notre séparation, je me suis retrouvée très
  isolée. J'avais été élevée dans l'idée
  que c'est la femme qui est responsable de la réussite ou de l'échec
  du couple et de la famille. Si le foyer n'est pas harmonieux, s'il y a des
  problèmes conjugaux, c'est que la femme n'y met pas assez du sien, ou
  ne fait pas ce qu'il faudrait faire pour éliminer les tensions. On ne
  m'avait jamais dit qu'il y a dans ce monde des gens méchants qui se
  comportent de manière respectable en public et font subir des choses épouvantables à leur
  femme et à leurs enfants. 
« Lorsque j'allais dans un lieu public (à des réunions, à la
  synagogue ou même à l'épicerie), je voyais les regards
  de mépris que les gens me lançaient. Je les entendais dire dans
  mon dos, "C'est Sarah, elle a détruit sa famille. Son pauvre ex-mari
  ! Elle a inventé des histoires tordues sur son compte pour pouvoir lui
  enlever ses enfants et les garder pour elle seule."
" J'ai le cœur brisé de voir que les gens ne me croient pas,
  et me traitent comme si c'était moi la perverse. Je souffre encore plus
  de voir que tant de gens pensent que ce monstre est quelqu'un de tellement
  bien. L'an dernier, il a fait de bonnes affaires et a fait don d'une somme
  importante à une organisation de bienfaisance locale, alors que mes
  enfants et moi mangions des sandwiches au beurre de cacahuète pour tout
  repas, parce qu'il refusait de payer ce mois-là la pension alimentaire.
  J'ai été doublement blessée. D'abord par mon mari, et
  ensuite par les membres de ma communauté qui m'ont tourné le
  dos au moment où j'avais le plus besoin d’eux…
" J'ai été doublement blessée. D'abord par mon mari,
  et ensuite par les membres de ma communauté qui m'ont tourné le
  dos au moment où j'avais le plus besoin de leur soutien et de leur aide.
" Mes enfants et moi nous nous débattons maintenant. Financièrement,
  c'est difficile de subvenir aux besoins de tous avec mon seul revenu. Le tribunal
  l'a condamné à me verser une certaine somme tous les mois, mais
  il s'en acquitte quand bon lui semble, et jamais en temps voulu. J'ai essayé à deux
  reprises d'intenter une action en justice pour obtenir le paiement de l'arriéré mais
  je n'ai pas les moyens de débourser des frais d'avocat pratiquement
  un mois sur deux, sans compter les journées de travail perdues que cela
  entraîne. D'autre part, je suis épuisée sur le plan nerveux
  par ses constantes dérobades et par l'isolement où je me retrouve
  par sa faute. Je pense souvent qu'il vaudrait mieux que je vive en ne comptant
  que sur moi-même plutôt que de dépendre de lui pour quoi
  que ce soit.
" De nombreuses mères de famille ont dit à leurs enfants
  de ne pas fréquenter les miens, ce qui fait qu'ils ont du mal à trouver
  d'autres enfants avec qui jouer. Ils ressentent déjà suffisamment
  le fait de venir d'un foyer désuni, et maintenant il faut qu'ils assument également
  cela, par-dessus le marché. Tout ce que je voudrais, c'est pouvoir trouver
  une certaine normalité pour moi et pour mes enfants. Je me demande si
  j'y parviendrai un jour."
  
LA TRADITION JUIVE
Différents types de femmes maltraitées se retrouvent dans l'histoire
  de Sarah. Certaines de ces femmes ont des enfants, d'autres n'en ont pas. Certaines
  sont juives, d'autres ne le sont pas.
  Certaines exercent des professions libérales, d'autres ont quitté le
  lycée avant la fin de leurs études. Certaines sont âgées,
  d'autres sont jeunes. Certaines sont riches, d'autres sont pauvres. 
Ce qu'elles ont toutes en commun, ce sont des conditions de vie horribles
  dont elles se sentent prisonnières. Certaines sont menacées de
  mort si elles ont la velléité de quitter leur mari. Beaucoup
  sont tellement terrorisées, déprimées ou désespérées
  qu'elles maintiennent une relation dont la violence est une composante quotidienne.
  Certaines, pour des raisons d'ordre financier, social ou pratique, ne voient
  aucun moyen de se séparer d'un partenaire qui les maltraite.
 Si le coupable est un Juif observant, ce n'est pas le judaïsme qui est
  la source du problème. 
Tout ce dont ces femmes ont besoin, c'est qu'on les écoute, qu'on les
  soutienne et qu'on les aide à se reconstruire une vie où la violence
  ne les menace plus, elles et leurs enfants.
  Si le coupable est un Juif observant, ce n'est pas le judaïsme qui est
  la source du problème. Le judaïsme est un mode de vie qui nous
  apprend à nous comporter à l'imitation de Dieu, depuis notre
  lever jusqu'à notre coucher. Le problème réside dans le
  fait qu'une personne qui, de l'extérieur, donne l'impression d'être
  observante, peut n'avoir intégré que partiellement les enseignements
  de la Torah.
On trouve dans la littérature juive traditionnelle quantité d'histoires
  qui nous enseignent comment maris et femmes doivent se comporter mutuellement,
  et qui insistent sur le respect mutuel et l'amour qui sont partie intégrante
  du mariage. Le Talmud dit, par exemple, que "le mari doit se pencher vers
  sa femme et l'écouter"
Les rabbins du Talmud tenaient leur femme en haute estime, et de nombreux
    récits viennent en apporter la preuve.
Ainsi, au deuxième siècle, les plus grands sages d'Israël
  devaient élire le chef de leur assemblée rabbinique (le Sanhédrin).
  Ils décidèrent de nommer rabbi Eléazar ben Azariah, en
  dépit de son jeune âge (il n'avait que 18 ans). Avant d'accepter
  le poste le plus prestigieux qui soit dans le monde juif, rabbi Eléazar
  rentra chez lui pour consulter sa femme. Elle lui conseilla de ne pas accepter
  le poste, parce qu'on ne lui témoignerait pas tout le respect qui lui était
  dû, en raison de sa jeunesse. Il accepta son conseil. Le lendemain, ses
  cheveux étaient devenus entièrement blancs. Voyant cela, sa femme
  lui dit alors qu'en raison du changement intervenu, il pouvait maintenant accepter
  le poste de chef du Sanhédrin. Ce qu'il fit.
Le Talmud (Ketubot 62b; Nedarim 50a) raconte l'histoire de Rachel, la fille
  d'un homme très riche qui avait épousé un berger nommé Akiba.
  Son père l'avait déshéritée parce qu'elle avait épousé un
  ignorant. A l'âge de 40 ans, encouragé par sa femme, il décida
  d'apprendre l'hébreu afin de pouvoir étudier la Torah. Avec l'accord
  de sa femme, il partit ensuite étudier dans une yeshiva où il
  resta 12 ans sans la voir.
Alors qu'il revenait chez lui après cette longue absence, il entendit
  sa femme dire à un voisin qui lui avait reproché d'avoir permis à son
  mari de rester loin d'elle aussi longtemps,"Si Akiba voulait étudier
  pendant 12 années de plus, je l'encouragerais encore." Profitant
  de ce que personne n'avait encore remarqué sa présence, Akiba
  se hâta de repartir pour la yeshiva. Il y étudia et y enseigna
  pendant ces douze années supplémentaires.
 Il revint ensuite chez lui, accompagné de 12 000 "paires" d'élèves
  qu'il avait formés grâce à sa remarquable érudition.
  Sa femme voulut se frayer un chemin dans la foule pour venir l'accueillir après
  sa longue absence, mais elle fut repoussée par quelques-uns des disciples
  du maître. Akiba s'adressa alors à la foule et dit: "Laissez-la
  passer. Tout ce que j'ai acquis, et tout ce que vous avez acquis, c'est à elle
  que nous le devons." En encourageant Akiba à étudier, Rachel
  avait sauvé le judaïsme en l'empêchant de disparaître à l'époque
  des persécutions de l'empereur Hadrien. C'est ce même rabbi Akiba,
  l'un des plus grands maîtres qui aient jamais vécu, qui déclarait
  que le principe fondamental du judaïsme c'est d'aimer son prochain comme
  soi-même (Levitique ch19, v18) . "Et qu'entend-on par 'son prochain'
  ? D'abord et avant tout, c'est sa femme."
L'UNITE DES AMES
Le Talmud dit qu'un homme doit aimer sa femme comme lui-même, et l'honorer
  davantage que lui-même (Yebamot 62b). Les rabbins du Midrash se demandent
  pourquoi Eve a été créée à partir d'un côté d’Adam.
  Leur réponse est la suivante: "Si elle avait été créée à partir
  de la tête d'Adam, elle aurait été hautaine. Si elle avait été créée à partir
  de son pied, elle aurait été piétinée. Elle a été créée à partir
  de son flanc (près de son cœur) pour pouvoir être aimée."
 "L'âme d'un homme est jugée dans le monde futur en fonction
  de la manière dont il s'est comporté avec sa femme." 
Le grand kabbaliste ‘Haïm Vital disait: "L'âme d'un
  homme est jugée dans le monde futur en fonction de la manière
  dont il s'est comporté avec sa femme."
  La Torah nous dit que la première femme a été créée à partir
  du corps d'un homme, à la différence du reste de l'univers que
  Dieu a créé ex-nihilo. Le Raavad, un important commentateur du
  Talmud du 12ème siècle, explique que le Tout-Puissant a créé la
  femme à partir de l'homme afin qu'ils vivent en formant une seule entité,
  dont chacune des parties a besoin de l'autre.
Nous lisons dans la Genèse (ch2, v24), immédiatement après
  la création de la femme: 
"C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il
s'unit à sa femme et ils deviennent une seule chair."
Le Raavad écrit (et la loi juive le souligne), qu'une bonne relation
  entre mari et femme doit se fonder sur des égards réciproques,
  et sur le fait de traiter son partenaire comme s'il était une partie
  de soi-même. Il ajoute que l'histoire de la création de l'humanité enseigne à l'homme
  que le mariage idéal est celui où il considère sa femme
  comme étant une partie de lui-même, et où il lui accorde
  autant d'importance qu'il s'en accorde personnellement.
Le Talmud et la mystique juive évoquent le mariage comme étant
  l'union terrestre de deux âmes destinées à se rejoindre.
  Le judaïsme nous enseigne que le but du mariage est avant tout d'ordre
  spirituel, bien qu'il s'accomplisse par le biais des sentiments et de l'union
  physique. Le mariage qui unit l'homme et la femme, et l'amour qu'ils se portent,
  permet de donner aux êtres humains un aperçu de l'amour que nous
  porte le Tout-Puissant.
 Le Talmud et la littérature rabbinique insistent sur les compromis
  nécessaires pour maintenir une relation pacifique entre mari et femme.
  Il est même parfois permis de déformer la vérité si
  l'harmonie du couple devait souffrir d'une trop grande honnêteté.
Dieu lui-même a travesti la vérité après que Sarah
  ait appris d'un messager qu'elle donnerait le jour à un fils alors qu'elle était âgée
  de 90 ans, et qu'Abraham allait en avoir 100 . Sarah se mit à rire en
  entendant qu'elle aurait la joie d'avoir un enfant, "alors que mon époux
  est un vieillard!". Dieu demanda alors à Abraham: "Pourquoi
  Sarah a-t-elle ri en disant 'Eh quoi! En vérité, j'enfanterais
  alors que je suis vieille!'" (Genèse ch18, v12-13).
  Les rabbins en déduisent que, pour Dieu, il était tellement important
  de ne pas perturber l'harmonie conjugale du vieux couple, qu'il préféra
  ne pas dire à Abraham que sa femme l'avait qualifié de vieillard!
Bien que la Torah nous ordonne de fuir le mensonge, on peut faire une exception
    si le but est de préserver l'harmonie du foyer.
  
LE MARIAGE ET SES OBLIGATIONS
Le Talmud et la loi juive détaillent les obligations mutuelles du mari
  et de la femme. Ces lois ont pour but d'apprendre aux époux à se
  témoigner leur amour et à donner plutôt qu'à recevoir, à l'image
  de Dieu qui dispense sa bonté sans réserve.
La femme doit s'attacher à nourrir les membres de sa famille tant sur
  le plan physique qu'affectif. Elle doit également veiller personnellement
  au bien-être de son mari et de ses enfants. On attend d'elle des "gestes
  d'amour" prouvant qu'elle s'investit dans son mariage. Une bonne épouse
  doit également soigner son apparence et rester toujours attirante pour
  son mari.
Quelle est la contribution de l'homme dans le mariage? La Torah nous dit qu'un
  homme "prend" une femme pour épouse. (Deutéronome ch24,v1),
  au sens où l'homme "prend" sur lui la responsabilité d'être
  un époux. Le monde laïque met souvent l'accent sur les droits;
  le judaïsme, lui, insiste sur la notion de responsabilité. Il est
  de la responsabilité du mari de pourvoir à la nourriture, aux
  vêtements, au logement et à tous les objets et ustensiles dont
  sa femme peut avoir besoin pour la bonne marche de la maison. Etant entendu
  que toutes ces choses doivent être conformes au standing socio-économique
  de l'endroit où ils vivent, ou au niveau de vie de l'un ou l'autre époux
  avant son mariage (on choisira le plus élevé des deux). Le judaïsme
  considère que les femmes attachent beaucoup d'importance à se
  sentir en conformité avec le milieu environnant, et il faut éviter
  de leur donner l'impression que leur mariage les a fait descendre dans l'échelle
  sociale.
Un mari doit aussi passer suffisamment de temps avec sa femme pour parvenir à une
  relation satisfaisante. La Torah dit qu'il est interdit à un homme de
  priver sa femme de nourriture, de vêtements ou de relations conjugales
  en ne s'acquittant pas totalement de ses obligations.
  La Torah prévoit que les hommes soient dispensés de tout ce qui
  n'est pas absolument obligatoire la première année de leur mariage
  afin qu'ils se consacrent au bonheur de leur femme. Cette notion est si importante
  qu'elle l'emportait même sur les intérêts nationaux du pays
  (le jeune marié était dispensé d'armée pendant
  la première année de mariage).
La femme juive détient un privilège par rapport à l'emploi
  du temps de son mari. Il ne doit pas accepter un travail en dehors de la ville
  où ils habitent si cela doit diminuer le temps qu'il passe avec sa femme, à moins
  que celle-ci ne lui donne son assentiment.
Maïmonide écrivait qu'un homme doit se préparer avant de
  regagner sa maison, afin de rentrer chez lui toujours d'humeur égale.
  Il ne devrait jamais faire peser la crainte sur sa famille. Il doit parler à sa
  femme avec douceur et ne jamais s'emporter contre elle (Mishne Torah , Les
  Lois du Mariage ch15,v19)
Les femmes doivent montrer du respect à leur mari, et elles doivent,
  en retour être honorées et aimées.
  
LA FORCE PHYSIQUE
L'idée qu'un mari ou une femme puisse être violent avec son conjoint
  est totalement étrangère au judaïsme. Nous en avons l'illustration
  dans l'histoire des deux Israélites qui se disputaient, en Egypte (Exode
  ch2, v13). Lorsque Moïse, un prince d’Egypte, sortant du palais
  de Pharaon, vit ces deux Juifs qui se querellaient, il dit au méchant,"Pourquoi
  frappes-tu ton semblable?"
Le Talmud dit (Sanhedrin 58) que l'homme que Moïse avait vu n'avait fait
  que lever son poing et n'avait pas encore frappé l'autre protagoniste.
  Il est cependant qualifié de "méchant" alors qu'il
  n'a fait que menacer l'autre de son poing. Les Juifs se servent de leur voix
  et non de la force physique pour exprimer leur désaccord. 
Le Talmud dit que Dieu compte les larmes des femmes et les hommes doivent
  veiller à ne pas causer la moindre peine à leur femme.
Rabbi Nahman de Breslav disait, "Si un homme passe sa colère sur
  sa femme, s'il lui fait honte ou s'il lève la main sur elle, ce qu’à Dieu
  ne plaise, le Tout-Puissant lui en demandera raison."
Un homme n'a pas le droit de frapper sa femme ou de la maltraiter (voir Rabbenou
  Yonah, Sha'are Teshouva ch3,v77). En fait, le judaïsme a qualifié d'acte
  criminel le viol conjugal, plusieurs millénaires avant qu’aucune
  civilisation ou pays occidental ne l'ai fait. On ne trouve pas d'exemple dans
  la Torah ou la littérature rabbinique où il soit permis à un
  homme de causer un dommage soit psychologique soit physique à sa femme.
  Le Talmud dit que Dieu compte les larmes des femmes et les hommes doivent veiller à ne
  pas causer la moindre peine à leur femme (Baba Metzia 59).
LA VIOLENCE CONJUGALE DE NOS JOURS
Nous ne disposons pas de statistiques permettant de connaître la fréquence
  des violences conjugales dans les foyers juifs avant l'époque moderne,
  mais il était fréquent que des femmes non-juives cherchent à épouser
  des hommes juifs car il était communément reconnu que ceux-ci
  ne battaient pas leur femme. Au fur et à mesure que les Juifs se sont
  assimilés au monde environnant, le caractère unique de la vie
  familiale juive s'est peu à peu dilué. La société de
  nos jours est plongée dans la violence, ce que reflète la culture
  populaire: télévision, films, livres et jeux vidéos. L'harmonie
  familiale fait cruellement défaut au monde d'aujourd'hui.
Il existe actuellement dans le monde des millions de personnes qui vivent
  dans une relation marquée par la violence. En Amérique, 20% des
  couples en viennent à échanger des coups au moins une fois par
  an. Il est quelquefois évident qu'un des partenaires du couple est violent,
  mais le plus souvent, il se conduit d'une certaine manière avec ses
  amis et connaissances et d'une toute autre manière à la maison.
Les personnes victimes de violences ont besoin de notre soutien et de notre
  aide, même si une grande partie d'entre elles persistent à demeurer
  avec le partenaire ou le parent qui les maltraite. Lorsqu'elles ont le courage
  de partir, nous devons les aider à retrouver une normalité qu'elles
  recherchent désespérément, et non pas ajouter à leur
  sentiment d'isolement et à leur douleur. Si nous les aidons, elles et
  leurs enfants, en les accueillant dans nos maisons, dans nos écoles,
  en les faisant participer à nos activités communautaires, nous
  aurons déjà fait un grand pas dans la bonne direction.
ENTRETIEN AVEC LE RAV ELIE LEMMEL
Sur le plan institutionnel, les communautés juives de par le monde
  ont mis en place différentes structures d’accueil et de soutien
  pour faire face aux problèmes de violence conjugale. Le Rav Elie Lemmel,
  créateur de La Maison de la Famille, nous a accordé un entretien
  qui nous éclaire sur la façon dont ces questions sont abordées
  dans la communauté juive française.
  
Lamed.fr : Vous êtes confronté depuis de nombreuses années
  aux problèmes liés à la famille. Le problème des
  femmes battues existe-t-il dans la communauté juive en France ?
Rav Elie Lemmel : Malheureusement
    oui, la communauté juive en France
  n’échappe pas à ce fléau. Un SOS femmes battues
  avait été créé il y a quelques années à l’initiative
  du Rav Schlammé, mais cela n’a pas perduré faute de moyens. 
Lamed.fr : Vous dirigez l’Association
  LEV dont une branche est la Maison de la Famille. Que proposez-vous ? 
E.L : En premier lieu, nous essayons
    de travailler sur la prévention à travers
  un certain nombre de formations individuelles ou en groupe pour les futures
  mariées. Un second travail est fait à travers des formations,
  des cours ou des conférences qui ont trait à la communication
  dans le couple. 
Par ailleurs, il existe un numéro indigo, le 0820 20 98 70 où un
  spécialiste écoute, prend en charge et oriente les personnes
  confrontées à des problèmes au sein de la famille. 
Il est intéressant de constater que les femmes n’évoquent
  pas en premier lieu la violence, comme si elles en avaient un peu honte. Ce
  n’est qu’au bout d’un moment qu’elles acceptent d’en
  parler. Je n’ai pas besoin de vous dire que nos équipes sont surchargées
  de travail et que nous avons besoin de nouvelles compétences afin de
  répondre à la demande.
Lamed.fr : D’après vous les institutions communautaires appréhendent-elles
  réellement ce problème ?
E.L : Je n’en suis pas sûr… En tout cas, il y a une certaine
  loi du silence autour de cela, comme si on avait honte de retrouver ce problème « chez
  nous ». Il y a à mon sens un immense effort pédagogique à faire
  aussi bien au niveau des rabbins que des différents responsables communautaires.
  Malheureusement il y a trop souvent une certaine désinvolture par rapport à cela,
  comme si au fond, ça n’était pas si grave. Il y a lieu
  de réagir, pas tellement par de beaux discours mais surtout de manière
  concrète. C’est ce que nous essayons, avec nos moyens, de faire.
N° Indigo Lev : 0820 20 98 70
Vous pouvez consulter le programme de Lev en cliquant 
ici