Le mot Pessa’h n’est pas toujours très bien compris. La  plupart des gens sont habitués à sa traduction "Pâque" et certains savent  qu’elle fait référence au fait que D.ieu est passé au-dessus des maisons des  Juifs durant la plaie des premiers-nés en Égypte (voir Exode 12:13). De manière  plus directe, nous sommes reconnaissants envers D.ieu de nous avoir épargnés  durant cette plaie. Toutefois, cette explication comprend deux difficultés  manifestes.
 Premièrement, le fait que D.ieu ait sauté de maison en  maison est plutôt contradictoire avec ce que nous connaissons de Lui. Il est  capable de frapper n’importe quelles maisons de Son choix, toutes au même  moment précis. Pour un Être de nature infinie, "sauter" une maison  n’a aucun sens. Il n’est pas Superman volant dans les airs.
 Lorsque le mot Pessa’h devint le nom d’une fête, un fait métaphysique fut concrétisé au sujet de la semaine de Pâque : la possibilité de faire un bond dans son développement spirituel.
 Deuxièmement, le fait d’avoir sauté de maison en maison  n’est certainement pas le point le plus significatif de l’Exode. Pourquoi  nommer une fête d’après une partie d’une seule plaie ? Et les neuf autres ? Et  qu’en est-il de la délivrance de l’esclavage ? Et du partage de la Mer Rouge ? On  aurait plutôt tendance à penser que le nom d’une fête corresponde à la  caractéristique la plus extraordinaire de tout l’événement.
 La réponse à chaque question permettra de résoudre la  suivante. Lorsque D.ieu nous a dit de répandre du sang sur le linteau des  portes de la maison afin qu’elle soit sautée, Il sous-entendait que les Juifs  méritaient d’une certaine manière que la plaie des premiers-nés les affectât  eux aussi en même temps que les Égyptiens. Soit dit en passant, le commandement  de racheter les premiers-nés, mentionnée dans l’Exode 13:12, fait écho à l’idée  que D.ieu a épargné nos premiers-nés. C’est la miséricorde de D.ieu qui L’a  incité à sauter les maisons juives.
 La miséricorde de D.ieu L’a également incité à nous  épargner de nombreuses années de la période d’exil en Egypte telle qu’elle  avait été initialement prévue. En effet, à l’origine, Il avait dit à Abraham que  ses descendants seraient asservis durant 400 ans. Pourtant, la durée de l’exil  fut raccourcie à 210 ans. 
 Un autre type de saut se produisit la nuit même de l’Exode.  La sortie d’Egypte donna lieu à une course insensée qui trouva son expression  dans le fait qu’on ait sauté le détail pratique de laisser à la pâte le temps  de lever. Bien entendu, D.ieu peut nous faire enjamber le temps ou l’espace à  Son gré pour renforcer notre relation avec Lui.
 À quoi se rapportent donc tous ces éléments ? Lorsque le  mot Pessa’h devint le nom d’une fête, un fait métaphysique fut concrétisé au  sujet de la semaine de Pâque : la possibilité de faire un bond dans son  développement spirituel. 
  LES CABLES DE DEMARRAGE DE D.IEU 
  Le mot "pessa’h" lui-même renferme une notion  de saut mystique. Pessa’h se compose de trois lettres: Pé, Samekh et ‘Het. Les  kabbalistes disent que pessa’h peut être lu en deux mots, révélant ainsi  un sens plus profond : Pé Sakh, ce qui signifie : "la bouche  parle". Ces deux mots sont formés de quatre lettres : Pé, Hé, Samekh et ‘Het. La Tradition Orale  nous dévoile donc que la lettre Hé fut sautée.
Qu’est-ce que parler ? C’est rendre réel des idées. Partir d’un potentiel pour en faire une réalité.
 Du point de vue conceptuel, la "bouche qui parle"  fait référence à ce qui se passe durant le Séder lorsque nous racontons la  sortie d’Egypte. Le mot Haggada signifie "parole". La Kabbale nous enseigne que  chaque mois du calendrier possède un lien étroit avec une faculté humaine  spécifique. Ce mois de Nissan est relié à la faculté de parler. Qu’est-ce que  parler ? C’est rendre réel des idées. Partir d’un potentiel pour en faire  une réalité. Nissan est le mois au cours duquel le monde est devenu une  réalité. C’est également le mois durant lequel le peuple juif, de nation  potentielle, est devenu une réalité.
  Cette transformation de potentialité à réalité a  nécessité un bond surnaturel procuré par D.ieu. Telle est l’essence même de  Pessa’h. Nous désirons tous donner plus de sens à notre vie. Nous aimerions  vivre une expérience transcendante. Mais, il nous faut lutter pour nous élever  spirituellement. C’est difficile et demande que nous nous changions. Durant  Pessa’h, nous avons une occasion exceptionnelle d’utiliser les câbles de  démarrage de D.ieu : le "bond" suprême. Saisissez l’opportunité  qui se présente à vous et demandez à D.ieu de vous donner le tonus que vous  attendez.
Traduction et adaptation : Ra'hel Katz