A tout bien considérer, je pense qu’il faut commencer par dire
  que, souvent, les raisons invoquées contre les mariages mixtes ne sont
  pas très solides. La première d’entre elles est que les
  Juifs et les non Juifs sont différents et ne peuvent donc pas se mélanger.
  C’est justement cet esprit de clan qui a éloigné de leur
  héritage mes parents ainsi que beaucoup d’autres Juifs.
Une autre raison tout aussi
    fragile, qu’on oppose aux mariages mixtes,
  est que “nos ancêtres ont souffert et sont morts pour conserver
  leur identité juive.” (“Votre mère ou votre grand-mère
  en mourra” est un argument du même style.) Cette tentative de culpabilisation
  n’a tout au mieux rien à voir avec cette question. Il n’est
  pas évident que l’on doive croire ou pratiquer comme l’ont
  fait nos aïeux. Non seulement cet argument n’a aucune efficacité mais,
  de plus, il donne à penser que l’engagement et l’identité juifs
  sont de pénibles fardeaux que l’on accepte, si tant est, contre
  sa volonté et contre son propre intérêt. Ce n’est
  pas une réponse suffisamment forte à la question: “Pourquoi être
  juif?”
Un troisième argument avancé contre le mariage mixte est que
  cela met en péril la survie du peuple juif. C’est vrai mais cependant
  insuffisant car il élude la question: “Pourquoi la survie du peuple
  juif est elle si importante? Pourquoi devrais-je lui sacrifier mon bonheur
  personnel?”
Se marier avec une personne
    d’une autre religion est tout d’abord
  une affaire personnelle. Pourquoi a-t-on tout intérêt à se
  marier avec un Juif ou une Juive?
Robert est tombé amoureux de Christiane. Il est persuadé d’avoir
  trouver son âme sœur. Et il se trouve que Christiane est une personne
  bien plus équilibrée que toutes les jeunes filles juives qu’il
  a rencontrées jusqu’à présent. Qu’est-ce qui
  les empêcherait de se marier? Que peut-il être de plus important
  que l’amour authentique? 
Outre l’amour, y aurait-il d’autres paramètres à faire
  entrer en ligne de compte pour prendre la décision de se marier? Epouserait-on
  une personne qui ne voudrait pas d’enfants?
Oui, l’amour est essentiel mais l’on
    a besoin de plus que cela : partager aussi des objectifs communs de vie.
Les mariages mixtes sont
    particulièrement fréquents de nos jours
  car tous ces couples typiques, représentés par Robert et Christiane,
  partagent justement des objectifs communs de vie. Pour beaucoup, la religion
  est, au plus, une sorte de cercle culturel où l’on naît
  par hasard. Préférer le couscous au steak-frite ne remet pas
  en cause la stabilité d’une union. 
Qu’y a-t-il donc de si précieux dans le Judaïsme qu’il
  faille exclure 99% de la population mondiale comme conjoint potentiel?
La survie du peuple juif n’est pas simplement un problème ethnique mais aussi un problème moral.
La survie du peuple juif
    n’est pas simplement un problème ethnique
  mais aussi un problème moral; en effet, les Juifs ne sont pas seulement
  un groupe ethnique mais aussi une force morale. L’alliance contractée
  avec Abraham et qui a été scellée au mont Sinaï par
  le don de la Tora, a fait du peuple juif une nation dont la mission est de
  témoigner de l’importance de la conscience, et cela d’une
  manière qui lui est unique. Nous avons donné au monde les concepts
  d’éducation universelle et du droit à un jugement équitable.
  Nous avons enseigné au monde que les rois eux-mêmes sont soumis
  aux lois et que celles-ci doivent aussi protéger les pauvres et les
  faibles. 
Dans la première partie du siècle précédent, des
  hommes civilisés ont cru aux nobles vertus de la guerre alors que, 3000
  ans auparavant, les Juifs avaient déjà enseigné à l’humanité qu’il
  fallait “forger des socs avec ses épées”. Le fait
  que la dimension historique de notre peuple continue à se faire sentir
  encore de nos jours, trouve son expression dans le nombre disproportionné de
  Juifs qui participent à toutes sortes de causes que ce soit des entreprises
  de charité, d’aide sociale ou la lutte pour les droits civiques
  et le féminisme. 
Un autre témoignage de l’attachement du peuple juif à ces
  valeurs morales ancestrales est fourni par le comportement du nouvel Etat d’Israël,
  qui a pris l’engagement de respecter “la pureté des armes”.
  C’est ainsi que l’on voit ses soldats se poser la question de la
  moralité des ordres reçus (comme cela s’était passé couramment
  au Liban) et la conscience de ses citoyens être outrée par des
  meurtres bien que commis par d’autres mais que nous aurions pu empêcher
  (par exemple, Sabra et Shatilla).
Cette conscience dont les
    Juifs portent témoignage n’a, en rien,
  un but à caractère œcuménique. Il a été poursuivi
  en tant qu’accomplissement de l’alliance unique dont nous sommes
  porteur. On ne prétend pas que seuls les Juifs sont capables d’agir
  selon leur conscience ou de faire preuve de bonté. Cependant, il faut
  bien avouer qu’aucun autre peuple n’a conçu son existence
  en tant que nation en la fondant sur ces principes alors que, pour nous, cela
  en est l’essence même.
Cette mission que nous
    seuls avons reçue nous a fait mériter
  d’être également le seul peuple que l’on hait. Hitler
  a ainsi déclaré: “C’est vrai, nous sommes des barbares.
  C’est pour nous un titre honorifique. J’affranchis l’humanité des
  liens de l’esprit et de la souffrance dégradante imposée
  par une fausse vision appelée conscience morale. Les Juifs ont infligé à l’homme
  deux mutilations: celle de la circoncision sur son corps et celle de la conscience
  morale sur son âme. Ce sont des inventions juives. La guerre de domination
  du monde ne se joue qu’entre nous deux, nous et leur camp, les Allemands
  et les Juifs. Tout le reste n’est qu’illusion.”
Faire un mariage mixte
    signifie abandonner un peuple conçu de cette
  manière unique et renoncer aussi à la quête de grandeur
  obtenue en accomplissant les commandements de la Tora cette même
  Tora qui proscrit les mariages mixtes (Deutéronome 7,3). On ne peut
  acquérir la grandeur à bon marché mais seulement au moyen
  de choix difficiles qui démontrent notre volonté d’atteindre
  un idéal. Si l’option qu’on prend en se mariant exprime
  l’engagement de chercher une signification juive à sa vie, alors
  on fait de la mission et de la grandeur juives partie intégrante de
  soi-même. Si l’on préfère une certaine personne et
  son amour à cette mission, c’est comme si l’on s’était
  finalement appauvri.
Il n’y a aucun moyen de comprendre cet engagement si l’on n’étudie pas la Tora.
C’est en pleine connaissance de cause qu’on doit faire son choix.
  L’engagement qu’ont pris nos ancêtres n’est pas une
  raison suffisante pour nous obliger à vivre en tant que Juif. Il y a
  là quelque chose qui, pendant des siècles, a pénétré au
  fond de nous si profondément que nous avons pu endurer les tourments
  de l’antisémitisme et, malgré cela, nous nous sommes toujours
  sentis pleinement récompensés. Il n’y a aucun moyen de
  comprendre cet engagement ou ces rétributions si l’on n’étudie
  pas la Tora car c’est dans la Tora que cet arbre a pris racine.
Ayez une appréciation juste du trésor avant de le vendre pour
  toujours. Venez apprendre ce que veut dire être juif. 
Vous trouverez tous
      les résultats de l’enquête sur les
  juifs français sur le site du Fonds Social Juif Unifié : http://www.fsju.org/fsju/medias/enquete.html
    
Traduction et adaption de Claude Krasetzki