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Récits du Gouch Katif - 2Cette série en trois parties va présenter des portraits individuels de résidents du Gouch Katif, peignant la dimension humaine qui se profile derrière la politique.

2 - L’histoire de Mayane

Mayane est née loin du rêve sioniste, dans une famille catholique de Yougoslavie. Jusqu’à l’âge de dix ans, son enfance fut remplie de paix et d’abondance, de sports d’hiver et de croisières. Et puis son père est mort. Deux ans plus tard, la guerre éclatait. « Cette guerre me transforma soudain en Croate, ennemie mortelle de mes meilleurs amis, qui, je le découvris alors, étaient serbes ».

Prise pendant la guerre dans une région occupée par les Serbes, Mayane, sa mère et sa sœur subirent cinq années de faim, de froid et de morts, celle de leurs meilleurs amis. Elles luttèrent pour survivre, motivées par « leur croyance ferme dans l’unité et le nationalisme croates » et l’espoir de pouvoir rejoindre leur peuple. Finalement, après d’intenses efforts, elles réussirent à obtenir des passeports qui allaient leur permettre de passer du côté croate de la frontière.

A leur arrivée, le vide total. « Quand nous avons atteint notre « terre promise », personne ne se soucia de nous, personne ne nous soutint ou ne nous aida. » La jeune Mayane, âgée de dix-sept ans, se sentit trahie par son propre peuple.

Tout dans ma vie était impossible et faux. Je ressentis un élan qui me poussait à recommencer mon existence depuis le commencement.

Quelques années plus tard, elle accepta un emploi de serveuse sur un paquebot. C’est là qu’elle rencontra Eyal Yadaï , l’officier de la sécurité maritime. Elle remarqua que chaque fois qu’Eyal rencontrait un camarade juif, ils s’appelaient « frères » et il l’aidait « comme s’il avait la responsabilité d’un autre juif. »

Mayane n’avait jamais été le témoin de telles attentions. Elle décida d’accompagner Eyal dans son voyage de retour en Israël. Quand il lui dit qu’il ne pourrait l’épouser à moins qu’elle ne se convertisse, elle décida d’étudier le Judaïsme. « Je commençai avec joie à étudier les détails de ce nouveau mode de vie auquel j’avais aspiré, la vie d’une nation où les membres se soucient avec dévotion les uns des autres. »

Quelques mois plus tard, alors que le moment de sa conversion approchait, Mayane dit à Eyal qu’elle n’épouserait qu’un homme religieux. Et c’est ainsi qu’à son tour, Eyal entreprit d’étudier le Judaïsme. Et c’est en Juifs orthodoxes qu’ils finirent par se marier.

En 2003, ils déménagèrent pour s’installer dans le territoire de Nezer Hazani dans le Gouch Katif. Ce même jour, Eyal devait partir accomplir un mois de service militaire de réserve. Mayane resta seule dans leur minuscule location, avec leur petite fille d’un an. C’était une étrangère de 26 ans, enceinte et ne connaissant personne à Nezer Hazani. Soudain elle entendit frapper à la porte. Elle ouvrit et se trouva face à une voisine souriante qui lui apportait un pain frais. Bientôt un autre coup à la porte : c’était une autre voisine qui lui amenait tout le repas. Puis encore un autre coup: une voisine l’invitait au repas de Chabbat. « Je ne restais pas une fois seule durant tout ce mois. »

Mayane fut émerveillée par cet accueil. C’était la réalisation de ce dont elle avait eu un aperçu sur le bateau. Selon les mots de la Michna que Mayane se plaît à citer : « tous les Juifs sont responsables les uns des autres ».

Le baptême du feu

Trois mois plus tard survint leur première épreuve. Alors qu’Eyal, Mayane et Avia, leur fille, sortaient du Gouch Katif, ils virent foncer vers leur voiture deux arabes armés de carabines automatiques qu tirèrent sur eux. Eyal appuya à fond sur l’accélérateur. Cinq balles pénétrèrent dans la voiture d’Eyal. « Chaque balle, affirme Mayane, était un miracle personnel pour chaque membre de ma famille, nous rasant à quelques millimètres près ».

Finalement, ils purent parvenir jusqu’au poste de l’armée israélienne au carrefour de Kessoufim, quelques centaines de mètres plus loin. Les terroristes avaient cependant réussi à tuer Tali Hatuel, enceinte de huit mois, qui conduisait sa voiture derrière les Yadaï. Quand la voiture des Hatuel s’était immobilisée, les terroristes s’en étaient approchés et avaient tiré à bout portant sur les quatre petites filles de Tali, les assassinant toutes, y compris le bébé assis dans son siège auto.

Les Yadaï étaient toujours au poste, tremblant encore devant le danger qu’ils venaient de courir quand un soldat arriva en pleurant : « J’ai tué l’un des terroristes, sanglota-t-il, mais je suis arrivé trop tard pour sauver les enfants ».

Ils devaient se rendre ailleurs, mais Eyal et Mayane dirigèrent immédiatement leur voiture criblée de balles vers le Kotel ( le Mur Occidental de Jérusalem) pour remercier D.ieu de leur avoir épargné la vie.
Au lendemain de cette attaque terroriste, les résidents de Nezer Hazani dirent aux Yadaï qu’ils comprendraient que ces derniers désirent quitter le Gouch Katif. Ils savaient qu’il n’était pas facile de vivre ainsi. Mayane répliqua :

« Comment ? Avec de merveilleux voisins comme vous, je peux être forte et le rester pour toujours. Et tout particulièrement maintenant, partir n’est pas une option. ». La communauté les épaula. « Pendant un mois, nous ne prîmes pas un repas sans compagnie. Nos prochains juifs venaient nous soutenir. »

Au cours de cette année qui vient de s’écouler, il n’a pas passé une nuit seul », me dit Mayane. Chaque soir quelqu’un de la communauté reste avec lui.

Quant au mari de Tali Hatuel, David, seul survivant du massacre de sa famille, (il était à son travail de directeur d’école quand le massacre s’abattit sur sa famille), il reste dans sa maison du Gouch Katif, là où il avait vécu avec le bruit de ses quatre enfants. « Au cours de cette année qui vient de s’écouler, il n’a pas passé une nuit seul », me dit Mayane. Chaque soir quelqu’un de la communauté reste avec lui. »

Selon Mayane, une telle aide est quelque chose de courant dans le Gouch Katif. « Si quelqu’un quitte le pays, pour des raisons professionnelles ou autres, sa femme et ses enfants ne sont jamais seuls. Ici, tout le monde prend soin de tout le monde » dit Mayane dans un anglais au lourd accent. Et ce n’est pas seulement dans le Gouch Katif ! C’est comme ça dans tout Israël. Je n’ai jamais vu un tel souci de l’autre. Vous le sentez réellement ici. Nous aidons les Arabes. Comment ne pas aider les Juifs ? Il y a quelques jours, il y a eu une attaque aux roquettes dans le village voisin de Gané Tal. Une roquette est tombée sur une serre dans laquelle travaillaient des ouvriers arabes. Ils furent sévèrement atteints. Ils obtinrent exactement les mêmes soins que les Israéliens. Immédiatement, nous entendîmes des hélicoptères qui les conduisirent à l’hôpital. Bien sûr, nous les avons aidés parce qu’ils avaient besoin d’aide. Si nous aidons les Arabes, comment ne pas s’entraider nous-mêmes? C’est cela le peuple juif compatissant, généreux et attentif. Pour vous raconter à quel point les gens d’ici sont unis, sachez qu’à Netzer Hazani, il n’y a qu’une seule synagogue dans laquelle tout le monde prie ensemble : Sephardim, Ashkenazim, Marocains, Yéménites… Ici vous trouverez des Juifs de partout. Personne ne regarde personne. Vous les voyez prier ensemble, ne se bagarrant jamais, jamais, jamais. Ici règne une véritable harmonie. »

Seule une des 21 communautés du Gouch katif a signé son accord d’être relogée ailleurs, tous ses membres ensemble. Il est probable que les gens de Nezer Hazani vont devoir se séparer, chacun allant vers une autre destination.

« Je suivrai ces gens jusqu’au bout de la terre, déclare Mayane. Les gens ici sont si extraordinaires, si doux, si gentils. Ils sont devenus des combattants parce qu’ils n’ont pas le choix. Mais ce n’est pas leur nature. Je vois la manière dont ils élèvent leurs enfants et c’est ainsi que je veux élever les miens. Je prie de tout mon cœur de pouvoir rester ici pendant de longues années. »

Mayane dit qu’une visite au Gouch Katif a fait changer d’avis sur le désengagement de nombreuses personnes. « Les gens commencent à voir plus que ce qu’ils voient ou entendent aux informations données par les media. Ils arrivent ici et voient par eux-mêmes. Chaque jour au moins, dix cars bondés viennent, remplis de gens de tout le pays, de tout le monde.

Ils viennent jeter un dernier regard sur le Gouch Katif avant qu’il ne soit abandonné. Ils ne savent même pas où se trouve le Gouch Katif. Au début, ils venaient à Netzer Hazani où vivent 70 familles et ils pensaient que c’était là tout le Gouch Katif. Je leur ai dit : « Cela n’est qu’un des 21 villages ici » Ils ne m’ont pas crue. A la fin du tour, chacun pleurait parce qu’ils avaient enfin compris ce qu’ils ne voyaient pas en regardant les informations. Je n’ai pas rencontré une seule personne qui n’ait changé d’avis après avoir vu le Gouch Katif. Vous ne pouvez comprendre qu’en voyant cet endroit magnifique, florissant et fleuri.

Ils voient que nous sommes des gens normaux, que nous n’avons pas de dents de vampires, que nous avons des foyers normaux, des enfants normaux auxquels nous donnons une éducation normale. Nous ne leur enseignons pas la haine. Ils ne savent même pas que nous vivons dans des maisons normales : ils croient que nous habitons des roulottes. Ils s’attendaient à me voir, moi une mère, le fusil au poing, avec des enfants sales et négligés derrière moi. Un ou deux membres du gouvernement sont venus.. A deux heures de l’après midi, ils ont dit : « Il se fait tard. Allons au Gouch Katif ». Je leur ai répondu : « Mais c’est ICI le Gouch Katif ! » Ils n’arrivaient pas à me croire. »

Quels plans Mayane a-t-elle fait pour le désengagement ?

« Je ne pense pas au jour de l’expulsion. Je n’en connais même pas la date. Je vis dans une location, donc je n’aurai aucune compensation. Et je ne veux rien. Mais si cela doit arriver, je n’ai nulle part où aller. Le seul endroit que je connaisse, c’est le Kotel. Et c’est là que vous me trouverez, c’est ma seconde demeure. Si D.ieu ne me veut pas ici, j’irai là-bas, chez Lui. Et ça aussi sera pour le mieux. Mais jusqu’à la fin, je vais me battre. »

Comment cette jeune mère se bat-elle ?

« J’explique ma vie pour mieux faire comprendre l’importance extraordinaire de la Terre d’Israël et son importance pour moi. Aujourd’hui, j’ai une demeure stable et je ne veux pas la perdre. Et la prière est l’arme la plus puissante. Si D.ieu a entendu la prière d’une jeune fille dans une petite ville croate, alors il entendra certainement les prières de Son peuple qui vit dans sa patrie.

 

Traduction et Adaptation de Cathy Coën


A PROPOS DE L'AUTEUR
Sarah Yoheved RIGLER
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