LA SCIENCE, FORTE ET ELEGANTE

La description de l’Univers qui, à l’heure actuelle, est la plus largement reconnue est celle proposée par la Science moderne. Pour imposer son point de vue, la Science s’appuie, tant au niveau fondamental qu’appliqué, d’une part sur une formidable cohérence entre constructions théoriques et résultats expérimentaux et d’autre part sur un ensemble de méthodologies et de techniques dont la redoutable efficacité nous apporte chaque jour plus de confort dans notre vie quotidienne.

Force est d’admirer l’élégance de la Science : un geste aussi simple et banal que d’allumer la lumière, mobilise chaque jour (et a mobilisé !) l’intelligence et l’énergie de centaines de techniciens, d’ingénieurs et d’inventeurs géniaux en tout genre… sans que l’utilisateur final ne s’en aperçoive le moins du monde. Une telle efficacité nous donne souvent à penser que la Science est toute puissante et que tout phénomène peut s’expliquer scientifiquement.

En effet, la démarche scientifique nous permet d’unifier la somme des connaissances amassées par l’homme, depuis la consistance des solides et des liquides et la couleur du ciel jusqu’à la forme des arbres, la ressemblance entre parents et enfants et la contraction de maladies. Puis, au travers de son cheminement pour tenter de rendre compréhensible à l’homme son Univers, la Science a intégré des concepts qui dépassent l’homme et sa compréhension : l’atome, la relativité et la mécanique quantique.

Et nous n’en sommes qu’au début…

SCIENCE ET CONSCIENCE

L’Univers scientifique se définit comme l’ensemble de la matière et du rayonnement.

La notion de conscience est-elle illusoire et l’Homme a-t-il suffisamment d’autonomie pour prendre des décisions qui lui appartiennent vraiment ?

Se basant sur cette définition, une large majorité de scientifiques de notre temps pensent que l’intellect de l’homme est né de la complexité de l’ensemble des messages sensoriels et cérébraux qui se concrétisent en signaux électriques ou chimiques au sein du corps humain. Dans cette ligne de pensée, la Conscience serait une réflexion abstraite de la matière.

Dès lors, ce que nous appelons Conscience Humaine serait le fruit des interactions entre les composants de systèmes de tailles et de complexités indénombrables. Par conséquent, la question que pose la Science de façon impérieuse pourrait-être formulée comme suit : le comportement de l’homme peut-il être totalement conceptualisé, modélisé et prédit par une méthode scientifique ? La notion de conscience est-elle illusoire et l’Homme a-t-il suffisamment d’autonomie pour prendre des décisions qui lui appartiennent vraiment ?

D’autres encore diraient : L’Homme est-il libre ?

L’HOMME EST LIBRE DE SES CHOIX

La réponse est loin d’être simple. Peut-être pourrions-nous faire appel, comme cela se fait dans toute discipline scientifique, à ceux qui se sont déjà penchés sur le sujet et qui ont avancé sur le chemin de sa compréhension.

La Torah nous enseigne que D.ieu a créé l’Univers en six jours. L’Univers est, ici, pris dans un sens bien plus large qu’il ne l’est dans la Science. En particulier, l’Ame de l’homme lui vient de son Créateur, Le Saint Béni Soit-Il. L’origine de la Conscience et de l’Intellect humain n’est donc pas dans l’interaction de systèmes complexes.

Il est également écrit que D.ieu régit l’ensemble de l’Univers, des étoiles aux particules, dans ses moindres détails. L’Homme n’échappe pas à cet état de fait. Il semblerait donc que la Torah ne considère pas que l’homme soit libre.

Pourtant elle nous affirme que l’Homme est libre de prendre ses propres décisions, que ses choix lui appartiennent.

Nous voyons donc ici que si scientifiques et rabbins n’ont pas le même référentiel et que leur point de vue diffèrent, leurs cheminement de pensée les ont guidés vers la même question : l’Homme est-il libre et si oui, dans quelle mesure ?

COPENHAGUE ET JERUSALEM

Revenons, à l’assertion de la Torah : D.ieu régit chaque chose de l’Univers, cependant l’homme est libre de faire ses choix.

Une façon dont les rabbins résolvent ce paradoxe est de dire que la faculté de l’homme d’effectuer des choix qui lui appartiennent provient d’une dimension de notre Univers qui est extérieure à la nature au sens strict.

Cette idée pourrait être le point de départ d’une interaction positive entre scientifiques et rabbins : peut-être existe-il des failles dans la logique mathématique, des « ouvertures » qui nous permettraient de penser, d’un point de vue scientifique, que l’Univers ne fonctionne pas en vase clos, et d’envisager que l’idée de Dieu n’est pas un concept née de la matière, mais que la matière est l’accomplissement de la volonté divine.

Appuyons une dernière fois sur l’interrupteur d’une lampe. Des centaines de personnes travaillent en secret derrière ce simple geste. Mais, ce faisant, nous, les utilisateurs, en perdons toutes les implications, les conséquences, les bienfaits et les méfaits.

Plus proches de nos préoccupations, nous pourrions poser les jalons d’une réflexion sur la place de l’étique dans les applications scientifiques dans notre vie quotidienne. Un confort mal maîtrisé peut avoir des conséquences néfastes sur notre vie. Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager une coopération entre scientifiques et rabbins, les uns apportant leur rigueur et leurs connaissances techniques, les autres, leur sens de l’éthique et de la morale et leur connaissance de l’être humain.

En effet, si le progrès doit améliorer la vie de l’homme, il ne faut en aucun cas qu’il l’asservisse. Le changement de référentiel scientifique pour un référentiel basé sur l’éthique et la morale telle qu’elles sont envisagées dans la Torah pourrait être à l’origine de la transition d’une Science toute puissante et esclavagiste vers une Science libératrice des contingences matérielles de ce Monde, nous permettant de nous épanouir spirituellement.