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Les Rendez-vous de l'Année Juive / Chavouoth back  Retour
Nous Ferons et Nous EntendronsSi les Juifs rassemblés au Mont Sinaï étaient enthousiastes à l’idée de recevoir la Torah, quel besoin avait D.ieu de faire appel à la coercition?

Chavouot est la fête qui célèbre le fait que nous avons reçu la Torah, nous nous référons à elle dans nos prières comme « le moment du don de notre Torah. »

Les fêtes juives ne sont pas de simples occasions de faire preuve de reconnaissance et de nous souvenir, elles représentent des opportunités de se renouveler et de se régénérer. Chaque année, D.ieu renouvelle l’influx spirituel qui a été mis en place au moment de la fête, de sorte que chaque Juif puisse régénérer en lui cette connexion spirituelle qui est nécessaire à son bien-être en tant que serviteur de D.ieu.

Chavouot nous procure un influx exceptionnel tout particulièrement relié à la régénération de la force spirituelle nécessaire à l’acceptation de la Torah. C’est cette qualité spirituelle particulière que nous allons à présent tenter d’explorer.


LE DON DE LA TORAH



Le déroulement des événements qui eurent lieu au Mont Sinaï est bien connu :

C’était le troisième jour, au matin, qu’il y eut des tonnerres et des éclairs. Une nuée épaisse était sur la montagne et il y eut un son très puissant de chofar. Tout le peuple dans le camp trembla. Moïse fit sortir le peuple du camp au devant de D.ieu. Ils se tinrent au pied de la montagne. Tout le Mont Sinaï était enveloppé de fumée car D.ieu y était descendu dans le feu. Sa fumée montait comme la fumée d’une fournaise et la montagne entière tremblait violemment ... (Exode 19:16-18)

D.ieu commença à donner les Dix Commandements, mais les Juifs furent pris de panique et prièrent Moïse de gravir la montagne pour accepter les préceptes en leur nom.

Moïse vint et transmit au peuple toutes les paroles de D.ieu. Le peuple répondit d’une seule voix : « Toutes les paroles que D.ieu a prononcées, nous les accomplirons. » Moïse écrivit toutes les paroles de D.ieu. Il se leva de bonne heure le matin et érigea un autel au pied de la montagne ainsi que douze piliers pour les douze tribus d’Israël. Il chargea les jeunes parmi les Fils d’Israël d’offrir des holocaustes et de sacrifier des taureaux comme offrandes de paix à D.ieu. Moïse ... prit ensuite le Livre de l’Alliance et le lut aux oreilles du peuple. Ils dirent : « Tout ce qu’a prononcé l’Eternel, nous ferons et nous entendrons. » (Exode 24:3-7)

Le passage le plus célèbre de la littérature juive concernant l’alliance au Sinaï est peut-être l’extrait suivant du Talmud :

Rabbi Simaï expliqua : « Lorsque Israël prononça na'assé avant nichma, ou « nous ferons » avant « nous entendrons », 600 000 anges se rendirent auprès de chaque Juif et attachèrent deux couronnes sur la tête de chaque Juif, l’une pour na’assé et l’autre pour nichma. (Talmud, Chabat, 88a)

L’affirmation « nous ferons et nous entendrons » équivaut à l’engagement d’exécuter les commandements de D.ieu avant même d’entendre ce qu’implique réellement l’observance de ces commandements. Seul, quelqu’un qui est totalement désireux de construire toute son existence autour du respect de la Torah sera disposé à prendre un tel engagement.

Pour l’esprit moderne, ce genre de consentement aveugle n’est-il pas irrationnel ?

CONSENTEMENT AVEUGLE OU COERCITION ?



Nous pourrons peut-être entrevoir la réponse à cette question en examinant un passage Talmudique voisin presque aussi connu que le précédent.

Ils se tinrent au pied de la montagne (Exode 19:17) Rav Avdimi bar ‘Hama bar ‘Hassa dit : « Cela nous enseigne que le Saint, béni soit-Il les couvrit de la montagne comme si elle était une voûte et Il leur dit : "Si vous acceptez la Torah, c’est bien. Sinon, là sera votre tombeau !" » Rav A’ha bar Yaakov dit : «De là, découlent des bases solides pour se plaindre de la coercition exercée pour l’acceptation de la Torah. » (Talmud, Chabat 88a)
Ce passage semble être diamétralement opposé au premier : loin d’accepter la Torah de plein gré, le peuple juif a dû être contraint à le faire.

Existe-t-il un moyen de concilier l’empressement à dire na'assé venichma et le besoin de forcer les Juifs à accepter la Torah ?
D.ieu eut recours à la contrainte pour faire accepter la Torah des Hébreux afin d’insister sur le fait que l’idée alternative de vivre sans elle n’existe tout simplement pas.

Les commentateurs avancent plusieurs solutions pour résoudre cette contradiction, mais nous nous pencherons sur l’explication fournie par le Maharal dans son ouvrage « Tiféret Israël » (Ch.32) :

D.ieu a dû forcer le peuple juif à accepter la Torah, en dépit même du fait qu’il était prêt à l’accepter sans y être contraint pour la raison suivante. La Torah n’est pas un luxe dont le monde pourrait se passer. D.ieu ne souhaitait pas créer un monde où les hommes passeraient leur temps à de vaines poursuites matérielles. Il voulait un monde dans lequel Il s’impliquerait avec l’homme à construire un environnement totalement immatériel où l’homme et Lui pourraient coexister en parfaites harmonie et coopération. Il dota l’homme d’une capacité spirituelle de sorte qu’il puisse l’exprimer en menant une vie de spiritualité et non en rendant son existence physique plus stimulante. Mener une telle vie sans la Torah est impossible. L’acceptation de la Torah est donc aussi nécessaire à l’existence que les atomes.

Donner la Torah aux Juifs sur la base de leur bonne volonté à l’accepter aurait donné l’impression fausse que c’est leur consentement enthousiaste qui créa l’environnement dans lequel la Torah fut donnée. Ils auraient alors été laissés avec le sentiment erroné que la Torah était quelque chose dont on pouvait se passer. D.ieu dut donc les forcer à l’accepter en dépit de leur consentement immédiat, pour insister sur le fait que l’idée alternative de vivre sans elle n’existe tout simplement pas.

Mais en est-il vraiment ainsi ?

99% de la population mondiale ne vit-elle pas plutôt bien sans l’observance de la Torah ? Il serait sûrement plus correct de dire que D.ieu ne souhaite pas tolérer l’existence humaine sauf si certains humains acceptent Sa Torah, mais déclarer que l’existence elle-même est impossible sans la Torah semble contredire tout ce que nous voyons autour de nous ! Comment est-il possible de défendre une affirmation aussi outrancière ?

Pour comprendre ce qu’il s’est passé, nous devons en premier lieu expliquer la nature du libre arbitre et la finalité de l’existence humaine.

LA CHIMERE DU LIBRE ARBITRE



Imaginons un instant que D.ieu a créé le monde et qu’il le gère également, jusque dans les plus petites choses de l’existence de chaque être humain, comme le soutient la Torah. Chaque personne est individuellement créée, sur le plan intérieur comme extérieur, par D.ieu de sorte qu’elle naît avec des talents et des aptitudes précisément déterminées, dans un environnement fait sur-mesure tout spécialement pour elle.

Certains psychologues soutiennent que le libre arbitre est une chimère. D’un certain côté, ils ont raison. Il est assez vrai que nous effectuons tous nos propres choix sans la moindre contrainte extérieure, mais cela ne signifie pas pour autant que nous avons réellement le libre arbitre. Car chacun de nous vient au monde avec une machine à calculer incroyablement sophistiquée, notre cerveau, qui est parfaitement capable de nous apprendre à optimiser n’importe quelle situation donnée de la vie dans laquelle nous pouvons être amenés à nous trouver, en prenant en compte nos capacités, notre caractère et nos moyens uniques et spécifiques. Notre comportement, tout au long de notre vie, est donc totalement prévisible dès lors que nous suivons les indications de notre calculatrice, ce que nous ne manquerons assurément pas de faire, étant donné que nous ne sommes ni stupides, ni indisciplinés.

Considérons cette situation du point de vue de D.ieu et nous découvrirons que nous avons un immense libre arbitre, bien que cela n’en ait pas l’apparence au regard de nos origines modestes.

D.ieu créa l’être humain pour qu’il accomplisse. On donna au premier homme le nom de Adam parce qu’il fut prélevé de la terre appelée adama en hébreu et Eve fut prélevée d’Adam.

Le Maharal pose la question : « De même qu’il est écrit que D.ieu forma l’homme à partir de la poussière de la terre (Genèse 2:7),il est également écrit que la terre produira des espèces particulières de créatures vivantes, des espèces particulières d’animaux d’élevage, d’animaux terrestres et de bêtes (Genèse 1:24). Mais si toutes ces créatures furent également formées à partir de la poussière de la terre, pourquoi l’être humain a-t-il été distingué en étant nommé Adam ?
De toutes les créatures vivantes, seul l’être humain est comparable à la terre qui a un potentiel infini.

Le Maharal poursuit son explication en disant que l’être humain fut le seul à être créé pour progresser et produire. Les éléphants et les crocodiles n’ont pas vraiment avancé au cours de leur histoire. Ils n’ont pas construit d’écoles ou d’hôpitaux et non pas non plus amassé une somme de connaissances. Ils vivent exactement de la même manière qu’ils vivaient à l’origine du temps. Nous, par contre, avons considérablement progressé. Mises à part notre apparence et nos capacités innées, il n’y a rien de commun entre ce que nous sommes aujourd’hui et l’homme d’autrefois qui vivait au commencement du temps. L’humanité a fait d’incroyables progrès.

Tel est le secret du nom Adam, car de toutes les créatures vivantes, seul l’être humain est comparable à la terre qui a un potentiel infini. Nous avons poussée la terre à nourrir des milliards de gens alors qu’il y a juste quelques siècles, elle parvenait difficilement à en nourrir quelques millions à peine. La clé de ce mystère est une bonne gestion, des efforts et de l’innovation. La terre livrée à elle-même, reste totalement inerte, mais lorsqu’on investit en elle des efforts créatifs, on révèle son potentiel. Etant donné que l’être humain ressemble à la terre sur cet aspect crucial, il en est le véritable enfant et le seul de sa progéniture qui mérite de porter son nom comme marque d’identité.

Mais, à présent, revenons en arrière et considérons la manière dont toute cette progression peut paraître aux yeux de D.ieu. N’était-elle pas entièrement prévisible ?
Après tout, c’est D.ieu qui nous a dotés de cette machine à calculer dans notre cerveau qui a fait que tous ces progrès soient totalement prévisibles et inévitables étant données notre énorme force vitale et notre soif puissante de survivre et d’améliorer notre sort, qualités qui furent toutes deux insufflées en nous par notre Créateur.

Du point de vue de D.ieu, l’être humain n’a absolument rien produit de nouveau malgré toute sa progression apparente. Il n’a fait que se déplacer sur une ligne droite le long du chemin le plus prévisible qui aurait été tracé pour lui par n’importe quel observateur intelligent. S’il possède le moindre potentiel pour réellement faire preuve d’originalité, rien dans cette progression n’en a apporté la preuve.

LE DOMAINE DANS LEQUEL S’EXERCE LE LIBRE ARBITRE



Mais que pouvons-nous accomplir qui ne soit pas automatiquement programmé en nous ? La réponse réside dans le domaine de la spiritualité et pour s’en apercevoir, il nous suffit d’observer le monde dans lequel nous vivons.

Les cerveaux les plus brillants, s’appliquant avec la plus grande concentration, ne sont parvenus qu’à la seule conclusion que le monde est un système clos. Selon l’intelligence de la science, nous vivons dans un monde matériel, entièrement contenu en lui-même, dans lequel la vie a évolué jusqu’à sa situation présente en fonction des lois physiques qui rendent compte de tout phénomène observable.

On peut affirmer sans risques qu’à ce point de l’histoire, les esprits humains les plus performants, fournissant le type d’efforts le plus intense, n’apprendront jamais à connecter l’être humain à un monde de spiritualité. La conclusion qui en résulte est que si ce monde de spiritualité est bien le domaine dans lequel se situe notre potentiel inexploité, il nous serait absolument impossible de le trouver sans l’aide de D.ieu.

Notre argumentation a néanmoins clairement démontré que du point de vue de D.ieu, il s’agit, en fait, précisément du domaine dans lequel doit se situer ce potentiel inexploité. Car ce monde de spiritualité est le seul domaine imprédictible. Il est la seule sphère d’activité humaine dont la machine à calculer ne semble pas automatiquement indiquer la direction. Ici s’étend le domaine de la liberté de choix : Observer ou non les commandements de la Torah tels qu’ils ont été donnés par D.ieu, des commandements qui ont été conçus pour transformer la vie ordinaire d’un être humain en une existence de spiritualité.

LA NECESSITE DE LA TORAH



Reconsidérons à présent la question de la nécessité de la Torah pour la création, à la lumière de ces nouvelles informations.

Les économistes expliquent de la manière suivante la différence qui réside entre des organismes gouvernementaux et des entreprises du secteur privé. L’objectif des organismes gouvernementaux, et en fait de toutes les bureaucraties, est de se perpétuer eux-mêmes. S’ils font preuve de productivité, c’est pure coïncidence parce qu’être productifs est d’importance secondaire pour eux, leur mission principale étant de survivre. Les organismes gouvernementaux n’ont pas besoin d’être productifs car ils seront toujours financés par les taxes.

Par contre, les entreprises du secteur privé se doivent d’être productives pour pouvoir survivre. Personne ne se soucie de les sortir d’affaire lorsqu’elles ne justifient pas leur propre existence économique. Dans leur cas, l’objectif principal est la productivité et sa survie en est une conséquence fortuite.

Si cela est vrai dans le monde des affaires humaines, pourquoi devrions-nous nous attendre à quelque chose de différent en ce qui concerne les relations de D.ieu avec Sa création ? Il a conçu celle-ci pour être productive, pourquoi devrait-Il la sortir d’affaire si ce n’est pas le cas ?

Si tout ce que la création parvient à accomplir est suivre le chemin de moindre résistance suggéré par l’ordinateur que D.ieu a fourni et programmé, elle ne fait qu’exécuter et recracher son apport initial sans produire le moindre profit. En tant que telle, elle n’aurait aucun mérite si elle était une entreprise économique. Les principes de l’économie de marché sur lesquelles repose notre société exigeraient qu’on l’abandonne en raison de son inefficacité.

Mais si nous faisons en sorte de nous transformer en des êtres spirituels, la création sera alors productive. L’univers ne contient pas d’êtres qui vont plus loin que l’influx d’origine de la création telle que l’a voulue D.ieu. L’Eternel n’a pas produit ce type d’être humain sur Sa ligne de production. Un tel être a été produit par ses propres efforts, suivant un programme optionnel qui passe par la liberté de choix.

Nous sommes enfin prêts à répondre à notre question de départ : un consentement aveugle de la Torah - c'est-à-dire « nous ferons et nous entendrons » - n’est-il pas irrationnel ?

Il existe en fait un attribut spirituel particulier relié à l’acceptation de la Torah plutôt qu’à la croyance en général. Pour accepter la Torah correctement, il faut la percevoir non pas comme un objet désirable mais comme une nécessité à l’existence.

Le véritable sens de na'assé venichma est que l’observance de la Torah est l’essence de notre vie. C’est pour observer la Torah que nous avons été créés, pas pour manger, boire et survivre, et pour observer la Torah tout en s’investissant dans les détails pratiques de l’existence. C’est la vie qui doit s’adapter à l’observance de la Torah et non le contraire. La survie est la conséquence de la productivité.

Chaque Chavouot, D.ieu est disposé à suspendre la montagne au dessus de toute personne désireuse d’aborder l’acceptation de la Torah avec l’attitude de na'assé venichma. D.ieu se tient prêt à régénérer la perception spirituelle de la Torah comme étant l’essence même de notre existence.

 

 

Traduction et Adaptation de Ra'hel KATZ



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Noson WEISZ
Parallèlement à ses études à la Yéchiva Chaïm Berlin de Lakewood et Mir de Jérusalem, le rabbin Noson Weisz a obtenu un diplôme en microbiologie de l'Université de Toronto et une maîtrise de Sciences Politiques de la New School for Social Research. Il est actuellement professeur à la Yéchiva Aish Hatorah, à Jérusalem.
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