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Vayéchev (Il s'installa)

Genèse 37,1 à 40,23.

Dans la plupart des langues, l’étymologie du mot prison (du verbe « prendre », par exemple, pour le français) renvoie à l’idée d’enfermement. Mais en hébreu, c’est la possibilité d’une issue positive à une situation douloureuse qui est mise en avant.
Joseph, l’un des fils de Jacob,  fait des rêves qui laissent entendre qu’il se voit un jour régner sur sa propre famille. Il raconte ses songes à ses frères, ce qui attise leur jalousie. Ces derniers décident de le tuer. Finalement, ils le vendent comme esclave. Ils font passer leur frère pour mort auprès de leur père en lui montrant la tunique de Joseph trempée dans le sang d’un animal. Joseph se retrouve en Egypte au service de Putiphar, intendant du Pharaon. Il réussit tout ce qu’il entreprend au point que son maître lui donne de plus en plus d’importance. La femme de Putiphar tente de le séduire, mais il refuse ses avances. Pour se venger, elle l’accuse d’avoir voulu abuser d’elle. Il est jeté en prison. Mais même derrière les barreaux, tout réussit à Joseph qui est très apprécié de ses gardes qui le nomment responsable de tous les prisonniers. Deux d’entre eux, l’ex-maître échanson et l’ex-maître panetier du Pharaon, sont perturbés par leurs rêves qu’ils demandent à Joseph d’interpréter.





 
Le pessimisme est un luxe que les Juifs ne peuvent pas se permettre.
Golda Méïr


C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière.
Edmond Rostand



 
 

Joseph, l’homme de la réussite
 

Joseph, dont le nom vient d’une racine hébraïque signifiant « ajouter », est symbole de prospérité et de réussite en toute occasion. Fils préféré de Jacob, rêvant de grandeur, Joseph se sort de toutes les situations et prend toujours le dessus. Vendu par ses frères, il devient un esclave si compétent et si apprécié que l’intendant général de l’Egypte lui confie sa maison qu’il gère d’une main de maître. Emprisonné après avoir été injustement accusé d’immoralité par la femme de l’intendant en question, il gagne la confiance de ses geôliers et est nommé chef des prisonniers.  Dès sa première rencontre avec Pharaon, dont il interprète les songes, ce dernier le nomme vice-roi en charge de la gestion économique du pays durant les années de « vaches grasses » suivies des années de « vaches maigres »...
Bref, son talent et son génie lui permettent de rebondir et de prospérer même dans les situations délicates. Mais plus que tout, c’est son optimisme et sa capacité à chercher la lumière même dans les moments sombres de son existence qui font la réussite de Joseph.
 

Lumineuse geôle 
 

La prison dans laquelle Joseph est enfermée est appelée en hébreu « Beth haSohar ». C’est la première occurrence de cette expression dans le récit biblique, ce qui invite les commentateurs à s’intéresser à l’étymologie du terme. Na’hmanide (Rabbi Moché ben Na’hman, 1194-1270, rabbin et médecin espagnol, surnommé Ramban) donne à ce propos une explication fort... éclairante, puisque, selon lui, le mot Sohar est à rapprocher de l’araméen Sihara, « lune » (qui éclaire la nuit) ou encore de l’hébreu Tsohar, « fenêtre », voire même de Zohar, « clarté ». Autrement dit, pour la conscience hébraïque, la prison est ce lieu où, malgré la captivité, la lumière de l’espoir est toujours présente. Même au fond du cachot, la lumière qui pénètre dans l’espace clos donne de l’espoir à Joseph qui ne doute pas que, le moment venu, il retrouvera sa liberté.

Dans la plupart des langues, l’étymologie du mot prison (du verbe « prendre », par exemple, pour le français) renvoie à l’idée d’enfermement. Mais en hébreu, c’est la possibilité d’une issue positive à une situation douloureuse qui est mise en avant. Leçon récurrente de la tradition juive : garder espoir en toute circonstance... Surtout que bien souvent, l’ascension est proportionnelle à la chute préalable, à l’instar des hauts et des bas de l’existence de Joseph. Comme le dit Rabbi Na’hman de Breslev (1772-1811, maître hassidique) : « Parfois, la chute et la descente sont nécessaires pour mieux réussir la montée »... Cet enseignement fait écho aux encouragements du psalmiste: « Ceux qui sèment dans les larmes récolteront dans l’allégresse » (Psaumes, 126,5).


D’ailleurs, le calendrier juif est ainsi fait que notre paracha et la suivante (qui narre justement la providentielle libération de Joseph à qui le passage en prison donnera paradoxalement l’occasion d’accéder aux plus hautes fonctions) sont toujours lues à l’époque de la fête de ‘Hanouka (commémorant la victoire des Juifs sur les Syriens hellénisés en -163) qui correspond à la période de l’année où les journées commencent à rallonger tandis que les nuits deviennent plus courtes. Ce tournant de l’année est accompagné des bougies de ‘Hanouka qui symbolisent précisément le triomphe de la lumière sur les ténèbres...


Les larmes de l’espoir
 

"Quand un Juif pleure, on entend malgré tout dans ses gémissements une touche d’espoir".
 
 
Citons un autre enseignement qui va dans le même sens : au début du Livre de l’Exode, la Tora nous raconte que Pharaon décrète la mort de tous les premiers-nés hébreux. Pour sauver le petit Moïse, ses parents le placent dans un panier déposé sur le Nil. Ce dernier est recueilli par la fille du monarque égyptien qui deviendra sa mère adoptive. Le texte (Exode, 2, 5 et 6) dit à ce propos : « Elle aperçut le berceau parmi les roseaux et envoya sa servante qui alla le prendre. Elle l’ouvrit et y vit l’enfant. C’était un garçon pleurant. Elle dit : c’est un enfant des Hébreux (...) ». Commentant ce passage, Rabbi Mordékhaï ‘Haïm de Slonim, interroge : « Comment su-t-elle que c’était un Hébreu ? A ses pleurs si spécifiques ! Car quand un Juif pleure, on entend malgré tout dans ses gémissements une touche d’espoir. Les larmes juives ne sont jamais empreintes d’un désespoir absolu... ».


Sortir de l’impasse en toute occasion
 


Ces enseignements sont pour nous une invitation à ne jamais perdre espoir et à toujours chercher la lumière dans la nuit...

L’anecdote raconte que des ministres jaloux fomentèrent une machination à l’encontre de Maïmonide (Rabbi Moché ben Maïmon, surnommé Rambam, 1135-1204, rabbin, médecin et philosophe), alors médecin du calife. Sceptique à propos des accusations proférées, le calife s’en remit au sort et ordonna que l’on prépare deux bouts de papier, et qu’on écrive « Vie » sur l’un et « Mort » sur le second. On demanda à Maïmonide de tirer au hasard l’un des papiers, déterminant ainsi son sort. Mais un ministre mal intentionné fit écrire « Mort » sur les deux papiers. Rambam pressentit l’entourloupe, mais que faire ? Impossible d’émettre ouvertement des doutes sur qui que ce soit, impossible de choisir délibérément la mort. La situation semblait bloquée. Mais il n’y a pas d’obscurité sans lumière... Notre sage changea donc les règles du jeu à son avantage : il tira l’un des deux papiers au sort et l’avala. Il tira le second et dit à voix haute : « Ce bout de papier indique ‘Mort’. C’est donc que le premier papier tiré indiquait ‘Vie’… Me voilà sauf ! ».



Ainsi, le mot hébraïque signifiant prison, Beth haSohar, utilisé pour la première fois dans notre paracha à propos de l’enfermement de Joseph, renvoie à l’idée de lumière. Cette étymologie inattendue témoigne de le vision juive des épreuves de la vie : ne pas désespérer mais toujours rechercher la lumière, même au fin fond des ténèbres... car parfois, les difficultés de l’existence sont des tremplins annonciateurs d’une grande élévation... à l’instar de Joseph qui sort de prison pour devenir, presque instantanément, vice-roi d’Egypte. Leçon d’optimisme, que Rabbi Na’hman de Breslev, évoqué plus haut, considérait comme un impératif catégorique en enseignant : «il est interdit de désespérer ».
 


A PROPOS DE L'AUTEUR
Le Rav Amitaï ALLALI
Commissaire Général des Eclaireuses Eclaireurs Israélites de France (EEIF), avant de devenir conseiller pédagogique pour l’enseignement juif à l’école George Leven. Il a enseigné à l'Institut Universitaire Rachi de Troyes et a dirigé la Section Normale des Etudes Juives de l'A.I.U. (Alliance Israélite Universelle). Il a occupé des postes rabbiniques dans les communautés de Bordeaux et de Vincennes et est aujourd’hui conférencier à l’association LEV. Il est l’auteur de « La Tsédaka : Lois et commentaires sur les dons aux pauvres de Maïmonide » paru aux éditions Lichma en 2006, « Les trompettes d'argent » (Octobre 2008), "Leçons de diét-éthique" (2ème trimestre 2009), et "Les prophètes, les enfants et les fous" (1er trimestre 2010).
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