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Le judaïsme et l'environnement - Deuxième partieLe judaïsme et l' " environnementalisme " moderne se rejoignent sur beaucoup de problèmes pratiques, mais les systèmes de valeur qui en constituent les fondements théoriques sont très différents. Leurs préoccupations respectives ne sont pas les mêmes; et ils ne tendent pas aux mêmes buts.

LE GASPILLAGE

Le concept de bal tach'hit a été fréquemment développé dans la littérature rabbinique.

J'ai évoqué jusqu'à présent certains des plus importants textes non législatifs de la Bible relatifs à l'environnement. Des centaines d'autres exemples peuvent être donnés de récits bibliques comportant des aspects écologiques.
Cependant, on trouve aussi tout une partie législative qui se réfère aux problèmes écologiques.

Bal tach'hit, la prévention des destructions injustifiées, est le principe halakhique le plus fréquemment mentionné dans les publications juives contemporaines qui traitent de l'attitude du judaïsme envers l'environnement.
Son origine se trouve dans la Torah : " Quand tu assiégeras une ville des jours nombreux pour guerroyer contre elle pour la saisir, tu ne détruiras pas son bois en brandissant la hache sur lui, car de lui tu mangeras, et lui tu ne le couperas pas, car l'homme est-il un arbre du champ pour venir de devant toi dans un siège ? Seulement l'arbre dont tu sauras qu'il n'est pas un arbre à manger, celui-là tu le détruiras et le couperas, tu construiras une fortification sur la ville qui fait la guerre avec toi, jusqu'à sa soumission. " (Deutéronome 20, 19 et 20).

Tout au long des siècles, le concept de bal tach'hit a été fréquemment développé dans la littérature rabbinique, et la législation juive s'en est trouvée abondamment enrichie.
Dans l'un des plus vieux recueils des traditions rabbiniques, le Sifri - écrit aux environs de l'an 300 - la loi est élargie à l'interdiction d'interférer avec des sources d'eau. Le Talmud étend cette défense au gaspillage des produits combustibles.

Maimonide mentionne d'autres extensions du principe, soulignant qu'il ne s'applique pas seulement au temps de guerre, mais à toutes époques. Parmi les interdictions qu'il mentionne, nous citerons : le bris d'ustensiles, la déchirure de vêtements, la destruction de bâtiments, l'obturation de puits et le gaspillage de nourriture. Ce concept de bal tach'hit a acquis une telle importance que, au 19ème siècle, le rabbin Samson Raphaël Hirsch est parvenu à la conclusion que rien - pas même ses propres biens - ne peut être détruit sans raison.

LA PROTECTION DES ANIMAUX

Bien avant que la mode écologique n'éclose, le judaïsme pronait le respect du monde animal.

Une autre prescription halakhique majeure en matière d'écologie est le tsa'ar ba'alei 'hayim, l'interdiction de tout acte de cruauté envers les animaux.

Beaucoup de lois juives s'y réfèrent. Le Torah nous apprend, par exemple, que nous ne devons pas manger un membre d'un animal vivant. C'est l'une des sept lois noa'hides, ce qui veut dire qu'elle s'impose à toute l'humanité et pas seulement aux Juifs.

Nous n'avons pas le droit non plus de labourer avec un bœuf et un âne attelés ensemble. Cela serait évidemment injuste envers l'animal le plus faible.

Le Chabbath est jour de repos non seulement pour nous, mais aussi pour nos animaux. Le Talmud nous enseigne qu'il est interdit à l'homme de manger avant d'avoir nourri ses animaux.

Un du plus grands érudits du 18ème siècle, le rabbin Ye'hezqel Landau, mieux connu sous le nom de Noda Biyehouda, spécifie dans une de ses responsæ : " Les seuls chasseurs mentionnés dans la Torah sont Nimrod et Esaü. La chasse n'est pas un sport pour les enfants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.. Comment un Juif peut-il aller tuer une créature vivante dans le seul but de chasser pour le plaisir ? "

Au fil des siècles, le monde rabbinique a développé un système complexe de protection de l'environnement. Ce n'est que bien longtemps après que la plupart de ces idées ont pénétré le courant dominant de la pensée moderne et la conscience de la société en général. Beaucoup de Juifs trouvent maintenant intéressants de tels concepts, ignorant le fait que le judaïsme les connaît depuis longtemps et qu'il a développé des conclusions qui sont encore valables aujourd'hui. Il est triste qu'il en soit ainsi, et cela ne se limite pas aux seuls problèmes écologiques.

LA COHERENCE DE LA PENSEE JUIVE

Le judaïsme tenant la nature pour un instrument de D.ieu, toute adoration de la nature est considérée comme une transgression.

Si l'on considère avec attention les parties narratives et légales de la Bible et la littérature des commentateurs exprimée dans le Midrach, nous pouvons conclure que la pensée juive à l'égard de l'environnement est tout à fait cohérente.

Je vais tenter de le démontrer en faisant appel à cinq éléments écologiques importants, et qui couvrent les préoccupations écologiques les plus modernes.

Le premier est le rapport de l'homme et de la nature ou, comme le dirait un écologiste, la " protection de la nature ". Parmi des lois écologiques juives, j'ai déjà mentionné celle de bal tach'hit et l'interdiction de chasser. Il existe dans la halakha un troisième élément important relatif à la nature : les lois de kilayim, qui protègent l'immutabilité des espèces.
La Torah en cite plusieurs exemples : l'interdiction de créer des espèces d'animaux hybrides, celle d'ensemencer son champ de productions différentes, et celle de porter un vêtement fait de laine et de lin (Deutéronome 22, 9 et suivants).

Ces trois catégories de la loi juive ont toutes trait à la protection de la nature. En même temps, beaucoup de récits dans le Bible nous apprennent que la nature remplit d'autres fonctions, comme celle de témoigner de la majesté de D.ieu ou, comme nous l'avons déjà vu, d'être Son instrument.

Il arrive que cet instrument soit utilisé pour récompenser les gens. C'est le cas dans le récit de la Manne, ou quand Josué, avec l'aide de D.ieu, interrompt la marche du soleil et de la lune afin que les Hébreux puissent vaincre leurs ennemis. Mais il arrive aussi, comme nous l'avons vu, qu'il devienne un outil de punition. Outre les récits sur le paradis, le déluge et les Dix Plaies d'Égypte dont nous avons parlé, nous pouvons citer la destruction de Sodome, le partage de la Mer Rouge et la chute de Qora'h.

La nature a aussi d'autres fonctions, comme celle d'enseigner à l'homme une leçon. Comme exemples typiques nous citerons l'histoire de Moïse, le buisson ardent; l'histoire de Na'aman, le général syrien qui a été guéri par les eaux du Jourdain; celle du prophète Jonas avec l'arbre qui croît et flétrit rapidement, et celle des hommes jetés dans la fournaise ardente par Nabuchodonosor, de laquelle ils ont été sauvés.

Il n'est pas étonnant, le judaïsme tenant la nature pour un instrument de D.ieu, que toute adoration de la nature soit considérée comme une transgression. Le sacrifice d'Elie sur le mont Carmel le prouve : les prêtres de Ba'al ont été mis en déroute.
Dans la littérature midrachique aussi, on trouve aussi beaucoup de références à divers aspects de la relation de l'homme avec la nature. Par exemple le midrach suivant, qui explicite ce concept : " D.ieu a dit à Adam : "Vois Mon œuvre, vois comme elle est agréable et bonne. Tout ce que J'ai créé Je l'ai créé pour toi. Prends garde à ne pas abîmer et détruire Mon monde, car si tu le fais personne ne le réparera." "

LE RAPPORT DE L'HOMME AUX ANIMAUX

Le Midrach insiste beaucoup sur le lien entre la noblesse de caractère et l'attitude envers les bêtes

Un deuxième élément important dans les préoccupations écologiques modernes est constitué par la relation de l'homme aux animaux. J'ai déjà mentionné plusieurs lois juives dans ce domaine.

Il en est d'autres qui incluent des aspects cherchant à limiter les souffrances des animaux. Ainsi celle qui s'applique au jeune bovin ou ovin : il est interdit d'égorger le parent et le petit le même jour (Lévitique 22, 28). Ou celle qui impose le principe de chiloua'h haqèn : si l'on veut prendre des oisillons ou des œufs dans le nid d'un oiseau, on n'a pas le droit de prendre la mère en même temps que ses petits.

Un éminent rabbin contemporain, Rabbi Eliézer Waldenberg, mieux connu comme le Tsits Eliézer, estime dans une de ses responsæ que, même si un homme veut jeûner, il doit nourrir ses animaux.

Nous trouvons aussi des expressions de ce concept dans les parties narratives de la Torah.
Le serviteur d'Abraham choisit Rébecca comme femme d'Isaac parce qu'elle est bonne pour les animaux, et le Midrach insiste beaucoup sur le lien entre la noblesse de caractère et l'attitude envers les bêtes. C'est ainsi qu'on nous apprend que Moïse a été choisi comme dirigeant du peuple juif parce qu'il était bon envers les animaux.

De même Rabbi Yehouda le Prince, auteur de la Michna, a été puni pour avoir parlé durement aux animaux, mais il a été récompensé quand il leur a ensuite témoigné de la bienveillance. Il est dit dans le premier cas que le Ciel a voulu qu'il soit puni parce qu'il n'avait eu aucune pitié, et dans le second qu'il lui a été marqué de la bonté parce qu'il en avait marqué lui-même.

(Traduit de l'anglais par Jacques KOHN)

(Conférence donnée le 20 février 2000 par le Dr. Manfred Gerstenfeld)



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Dr Manfred GERSTENFELD
Le Dr. Manfred Gerstenfeld est un expert et consultant en écologie de renommée mondiale, avec un solide engagement dans les affaires juives. Né à Vienne, il a été élevé à Amsterdam, puis il a vécu à Paris d'où il est venu s'établir en Israël avec sa famille en 1968. Outre une formation en chimie et en économie, il a obtenu un doctorat en sciences de l'environnement, ainsi qu'un diplôme de professeur de matières juives délivré par le " Dutch Jewish Seminary ". Au cours des trente-cinq années écoulées, il a rempli des missions de consultant international spécialisé dans la stratégie des affaires. Le Dr. Gerstenfeld a publié plusieurs livres, en dernier lieu celui intitulé " Judaism, Environmentalism and the Environment ". Il a également écrit " Environment and Confusion ", qui a été publié en anglais, en hébreu, en italien et en grec, où il examine l'avenir des problèmes écologiques.
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